mardi 19 mars 2013

La saga des ombres 4 : L’ombre du géant d’Orson Scott Card



Ender : La saga des ombres 4 : L’ombre du géant
Editions J’ai Lu (ou L’Atalante)
380 pages 

Quatrième de couverture
En parvenant à contrecarrer les plans d'Achille, Bean a évité d'un cheveu un désastre d'une ampleur inégalée. Petra et lui attendent aujourd'hui leur premier enfant, conçu in vitro, mais ils ignorent le sort qu'Achille a réservé aux autres embryons et s'ils portent en eux la maladie génétique dont souffre leur père.
Pendant ce temps, une guerre impliquant les autres anciens élèves de l'école de guerre - Alai, Virlomi, Vlad... - menace d'éclater. La Terre ne trouvera cependant son salut que dans l'unité, et celle-ci ne pourra s'incarner que dans un seul homme : Peter Wiggin, l'Hegemon. Bean est-il prêt à conclure un pacte avec le cruel frère d'Ender ? 

Chronique du tome 1 : La stratégie de l’ombre
Chronique du tome 2 : L’ombre de l’hégémon
Chronique du tome 3 : Les marionnettes de l’ombre





Ma rencontre avec le livre
Longue histoire entre cette saga et moi. J’avais reçu les trois premiers tomes de mes amis pour mon anniversaire qui n’avaient pas choisi cette série par hasard  : ils me savaient fan de la Stratégie Ender (qu’ils ont eux-mêmes découvert grâce à moi).
En ce qui concerne ce quatrième tome, je remercie les Editions J’ai Lu qui m’ont offert l’opportunité de découvrir ce roman à l’occasion de sa sortie poche en février 2013.


Ma lecture du livre
Première chose à dire : le résumé cité plus haut ne décrit pas totalement le contenu de ce dernier roman. Certes, Achille n’est plus là et l’enjeu politique du moment est d’unifier le monde, mais un autre aspect du roman (et selon moi celui qui en est le principal intérêt) réside dans la quête personnelle de Bean et Petra en lien avec la maladie du jeune homme et la recherche des enfants qui leur ont été volés.


Je viens de le dire : pour moi, l’intrigue géopolitique ne sert presque à rien. Hélas, c’est pourtant elle qui occupe les trois-quart du roman !  Horreur ! Par conséquent, le roman m’a paru assez creux. Il ne s’y passe pas grand chose mis à part le défilé des différents membres du djish d’Ender (une sorte d’au revoir général proche du fan service ?) et des considérations géopolitiques parfois douteuses. En effet, la vision du monde de l’auteur risque d'en faire grincer certains des dents. Je pense en particulier ici au tableau peu flatteur qu’il fait de l'empire musulman dirigé par Alaï. Soyons clair : toutes les puissances en action dans le roman sont critiquées et présentées comme coupables de massacres d’innocents et de la mort de leurs soldats, que ce soit l’Inde, la Chine ou la Russie (mais remarquez que ce sont toujours des concurrents actuels des USA…). Simplement, l’empire musulman est présenté comme le pire. Avec un auteur américain, on a toujours l’impression de voir planer le spectre d’un anti-islamisme latent sur le livre. En réalité, je pense qu’il faut se garder d’une telle critique envers l’auteur. Si je ne cautionne pas le caractère orienté que je viens d’évoquer, il faut laisser à l’auteur deux choses : 1) les USA ne sont pas présentées ici comme la première puissance ou comme les policiers du monde mais, au contraire, comme des lâches qui se cachent derrière leurs frontières et se désintéressent des affaires du monde ; 2) l’Islam en tant que tel n’est pas critiqué (bien au contraire, à plusieurs reprises au cours de la saga des ombres, Card, qu'on sait fervent croyant, a fait sien certains aspects de cette religion et de son message  tandis que le personnage d’Alaï, musulman éclairé, est tout à fait positif) et c’est plutôt l’instrumentalisation de la religion qu’il met en scène et condamne (pas innocemment car immanquablement le lecteur fait le lien avec le contexte et le discours américain actuel…).

Bref, revenons à notre intrigue : on a donc finalement l’impression que l’auteur tire en longueur et on se dit, à la vue du remplissage qui caractérisait déjà les tomes 2 et 3, qu’il aurait pu faire plus court… Ou alors, il aurait pu donner plus de place à la quête personnelle de Bean qui se perd malheureusement dans le reste.

 

Mais, on persévère et on ne le regrette pas. Car, si on peine à avancer pendant les chapitres de remplissage, la fin du roman remonte le niveau. Les deux derniers chapitres à eux seuls font que je ne regrette pas ma lecture. Ils sont à la fois puissants par la « conclusion » de l’histoire Bean/Petra (on reviendra plus loin sur ces guillemets) et jubilatoires par les liens tissés avec le cycle principal d’Ender et surtout les retrouvailles entre deux personnages. Les personnages principaux sont en effet, comme toujours chez Card qui parvient à leur donner une réelle épaisseur psychologique, le principal intérêt du roman. J’émettrai cependant une réserve quant à l’évolution du personnage de Peter. Si je suis en quelque sorte content pour lui à la fin, je trouve dommage d’aseptiser l’enfant sadique et manipulateur que l’auteur avait mis en scène dans ses premiers romans.




Autre point important : la suite. Car oui, même si ce roman était présenté comme le dernier tome de la saga des ombres, l’histoire ne me semble pas terminée. La situation sur terre et la restauration de la fonction d’hégémon sont réglées mais des pistes restent ouvertes en ce qui concerne la quête personnelle de Bean sur deux points. Si l’une des ouvertures (la fin du roman) peut être considérée comme un choix assumé de fin ouverte, l’autre point, en lien avec l’héritage d’Achille (le méchant des tomes précédents) demande selon moi à être résolu car les enjeux sont trop importants pour prétexter ici aussi une fin ouverte. J’imagine que des réponses seront données dans Shadow in Flight (déjà paru en VO) et Shadow Alive (à paraître) dont je ne vous dirai rien de l’intrigue pour ne pas vous spoiler la fin de ce roman. Sachez seulement que j’ai de grandes attentes pour ces deux livres qui vont voir se resserrer encore plus étroitement les liens entre les différents romans du cycle d’Ender. Serait-ce là l’aboutissement de toute la série ? L’avenir nous le dira !


En bref : un dernier tome qui est malheureusement dans l’ensemble décevant mais qui est sauvé par la conclusion qu’il apporte à l’aventure terrienne de Bean. Si l’intrigue géopolitique est en grande partie sans intérêt, on suit toujours avec plaisir les personnages eux-mêmes dans leur quête personnelle. Dommage qu’il faille en passer par ces longues considérations politiques pour enfin avoir le fin mot de l’histoire de Bean et Petra. Mais heureusement, cette conclusion est à la hauteur… en attendant la suite !



Difficile de mettre une note : la qualité des deux derniers chapitres et de quelques passages suffit-elle à justifier une bonne note ? Mettre une bonne note ne risque-t-il pas de tromper sur une grande partie ennuyeuse du livre ? Bref, mettons la moyenne, avec un petit plus pour la fin :
6/10

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