Affichage des articles dont le libellé est [Et Cetera] Théâtre. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est [Et Cetera] Théâtre. Afficher tous les articles

lundi 2 avril 2012

[Et Cetera 4] Théâtre : Têtes rondes et têtes pointues de Berthold Brecht mis en scène par Christophe Rauck


Nouvel article dans la rubrique "Et cetera ?" (et le reste ?). Après le cinéma, retour à un autre art visuel : le théâtre ! Avec une pièce tout simplement exceptionnelle. Explications dans l'article ! 



© Anne Nordmann


Auteur : Bertolt BRECHT
Metteur en scène : Christophe RAUCK
Dramaturgie : Leslie SIX
Scénographie : Jean-Marc STEHLÉ
Costumes : Coralie SANVOISIN
Masques, coiffures et chapeaux : Judith DUBOIS
Lumière : Olivier OUDIOU
Musique : Arthur BESSON
Collaboration chorégraphique : Claire RICHARD
Son : Thierry GEFFARD
Répétition chant : Jean-François LOMBARD
Assistanat à la scénographie : Catherine RANKL
Comédiens : Myriam AZENCOT, Emeline BAYART, Marc CHOUPPART, Philippe HOTTIER, Jean-Philippe MEYER, Juliette PLUMECOCQ-MECH, Camille SCHNEBELEN , Marc SUSINI, Alain TRÉTOUT








C’est simple, je crois qu’il s’agit de mon coup de cœur théâtral de l’année ! Il me reste encore une pièce dans mon abonnement (Merlin) et j’espère qu’elle sera aussi réussie.


Coup de cœur, donc, puisque j’ai été littéralement transporté pendant les 3h de spectacle qui étaient proposées. Transporté, mais où ? Dans le pays imaginaire de Yahoo, un royaume majoritairement paysan où les Cinq grands Fermiers exploitent les pauvres travailleurs de la terre en prélevant des impôts excessivement élevés. La colère gronde parmi la population, le mouvement paysan révolutionnaire appelé « la Faucille » prend de l’ampleur et attire de plus en plus de mécontents. Le gouvernement, qui commence à craindre pour sa sécurité, décide alors de donner le pouvoir à un certain Iberin avec pour mission de diviser le peuple afin de le détourner des enjeux et luttes économiques. Son outil : une idéologie raciale distinguant les hommes à la tête ronde (les Tchouks, considérés comme les « vrais » habitants du pays) et ceux à la tête pointue (les Tchichs, jugés inférieurs, soi-disant venus de l’extérieur et à l’origine de tous les problèmes). Commence alors une purge où se mêleront les destins de différents personnages.


© Anne Nordmann
La pièce parle donc d’un sujet grave. Et pour cause, son auteur, Brecht, l’a écrite lors de la montée du nazisme dans son pays natal. Derrière le démagogue Iberin on devine aisément un Hitler en puissance. Pourtant, le parti est pris de présenter cette situation comme une énorme farce, un spectacle de marionnettes (les acteurs portaient des masques uniformes les faisant ressembler tous à des pantins de bois selon moi). Pourquoi ? Tout simplement parce que le but tel que je le perçois est ici de nous montrer que la population est manipulée par les puissants. L’idéologie n’est qu’une mascarade qu’on sert au peuple pour en réalité couver les véritables tensions et les véritables problèmes que sont les inégalités socio-économiques. Brecht le dit lui-même au début de la pièce : un personnage monte seul sur scène et explique comment l’auteur a conçu sa pièce et que son intention est de montrer que, en tout lieu et en tout temps, c’est le pauvre qui s’oppose au riche. Vous l’avez compris, Brecht était imprégné par l’idée de la lutte des classes comme facteur structurant de la société.


La mise en scène se veut donc divertissante et joyeuse malgré la gravité du sujet. Les personnages sont drôles et caricaturaux (le vieux paysan mal dégrossi, la fille de la campagne devenue prostituée, la tenancière de la maison close, la fille noble voulant entrer au couvent etc). On danse et on chante sur scène, alternant ainsi des morceaux de théâtre classique et un aspect spectacle total. La musique et les chansons étaient d’ailleurs très agréables.


Concernant les aspects plus traditionnels du théâtre, j’ai trouvé les décors et les costumes très réussis. La scène imitait une ville quelconque (en l’occurrence la capitale de Yahoo) avec des panneau de carton aux formes de maisons pouvant glisser sur la scène et en changer la structure. Les costumes étaient quant à eux d’une vague inspiration Entre-deux-guerres offrant ainsi une certaine réalité à l’histoire.


© Anne Nordmann
Le jeu des acteurs était convaincant et malgré le côté caricatural volontaire, on ne pouvait pas ne pas adhérer à l’histoire et la prendre au sérieux. J’ai tout particulièrement apprécié les jeux des deux femmes au cœur de l’histoire : la fille du paysan venue vivre en ville en se prostituant et la sœur d’un des Cinq Grands Fermiers désirant, elle, au contraire, entrer au couvent. Ces deux personnages, radicalement opposés portent la pièce aussi bien par leur place dans l’intrigue que par leur interprétation. Mention spéciale aussi à l’acteur interprétant à la fois le ministre du gouvernement et l’avocat lors des procès.




J’ai donc été totalement charmé par cette pièce croisant critique des idéologies racistes, questionnement de la lutte des classes, danse, chant et humour. Je ne peux que vous conseiller d’aller la voir (même si je le sais, c’est bien plus difficile dans le cas d’une pièce de théâtre que pour un film de cinéma). Mais, ne sait-on jamais, j’ai réussi à trouver des dates de la tournée de la compagnie ayant joué à Strasbourg et cela ne me coûte rien de vous les donner !


Prochaines représentations en France :
4 avril 2012 Scène Nationale de Macon
2 et 3 mai 2012 Théâtre de Cornouailles - Scène Nationale de Quimper

lundi 19 mars 2012

[Et Cetera 1] Théâtre : Nunzio

Pour inaugurer la rubrique Et cetera (et les autres choses ; voir onglet en haut de la page), j’ai choisi de vous parler d’une pièce de théâtre que j’ai vue ce week-end. Il s’agit d’une courte œuvre italienne jouée au TNS (théâtre national de Strasbourg) et intitulée Nunzio.Je n'aurai pas la prétention de proposer une interprétation de la mise en scène ou de ce genre de choses. J'aime jouer à ce jeu de lecture des codes cachés avec mes amis après les représentations mais, en l’occurrence, cette pièce ne nous a pas spécialement inspirés.

L’intrigue est simple mais pose en même temps de nombreuses questions. Un homme seul, dans sa cuisine. Il tousse, beaucoup. Il a l’air malade. Il s’agit de Nunzio. Soudain, on frappe à la porte. Nunzio accueille alors un homme qui se révèle être son ami : Pipo.

Pipo et Nunzio en train de trinquer








Débute alors une heure de face à face où se dessine la relation ambiguë qui unit ces deux hommes. Nunzio apparaît comme un homme simple d’esprit et fermé sur lui-même à la différence de Pipo qui, bien que souvent en voyage, semble être celui qui prend soin de Nunzio. Les deux hommes rient, les deux hommes se disputent. On en apprend plus sur eux. Puis vient la nouvelle : Nunzio est malade, mais il ne veut pas aller à l’hôpital. Et puis encore une autre nouvelle: Pipo doit partir au Brésil, très rapidement. Il vient de recevoir une enveloppe pleine d’argent et Nunzio ne doit surtout pas dire que Pipo est passé ici. La pièce s’achève comme elle a commencé : Nunzio est seul, il tousse.

Pièce atypique par bien des aspects, je l’ai bien appréciée mais elle ne fait pas partie de mes coups de cœur de cette saison. Première originalité : les acteurs jouaient dans leur langue maternelle, l’Italien, qui plus est, un Italien de Sicile. J’aime beaucoup cette langue bien que je n’en ai que quelques notions. Le jeu des acteurs était quant à lui très bon. Et j’ai donc savouré cette heure à écouter ces paroles chantantes. Deuxième originalité : son intrigue qui, on l’a vu, n’est pas des plus développées. On nous laisse dans le mystère, à nous de deviner ce qu’est Pipo (un tueur à gage, un trafiquant ? C’est du moins ce que suggère le petit livret distribué par le théâtre). A chacun de se faire sa propre idée (ce qui en soit est une chose que j'aime bien !).

En revanche, pas mon coup de cœur, car, il faut l’avouer, lire des sur-titres pendant une pièce n’est pas la meilleur solution pour apprécier pleinement une œuvre. Déception également, de la courte durée de la pièce (1h).

Et pour terminer, un pièce étant le travail d’une équipe, voici les crédits de Nunzio :
Auteur : Spiro SCIMONE.
Metteur en scène : Carlo CECCHI.
Traduction française : Jean-Paul MANGANARO.
Comédiens : Spiro SCIMONE, Francesco SFRAMELI.
Production : Compagnia Scimone Sframeli Ente Autonomo Regionale/Teatro di Messina, Teatro Stabile di Firenze, Istituto Dramma Italiano, Taormina Arte.

Crédit photographique : Stéphane Trapier (tiré de http://blogs.rue89.com)

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...