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mardi 27 août 2013

Animale : La malédiction de Boucle d'Or de Victor Dixen



Animale : La malédiction de Boucle d'Or
Victor Dixen
Gallimard Jeunesse / 437 pages


Quatrième de couverture
Et si le conte le plus innocent dissimulait l'histoire d'amour la plus terrifiante ?
1832. Blonde, dix-sept ans, orpheline, vit depuis toujours dans un couvent, entourée de mystères. Pourquoi les soeurs l'obligent-elles à couvrir ses cheveux d'or et à cacher sa beauté troublante derrière des lunettes noires ? Qui sont ses parents et que leur est-il arrivé ? Quelle est la cause de ses évanouissements fréquents ?
Blonde est différente et rêve de se mettre en quête de vérité. Alors qu'elle s'enfuit du couvent pour remonter le fil du passé, elle se découvre un côté obscure, une part animale : il y a au coeur de son histoire un terrible secret.








Ma rencontre avec le livre

C'est en tant que membre de la promo 2013 des chroniqueurs On lit plus fort que j'ai eu le plaisir de voir ce livre arriver dans ma boîte aux lettres. Plaisir d'autant plus grand que j'ai entendu beaucoup de bien des précédents romans de Victor Dixen (Le cas Jack Spark) mais sans avoir eu l'occasion de les lire. La réputation de cet auteur se vérifie-t-elle ici ?

Ma lecture du livre

Dans Animale – La malédiction de Boucle d'Or, Victor Dixen nous propose une réécriture du célèbre conte de Boucle d'Or et les Trois Ours. En effet, à travers l'histoire de Blonde, une jeune orpheline élevée dans un couvent, l'auteur nous embarque dans une aventure qui n'est pas sans rappeler celle de la jeune fille blonde s'endormant malencontreusement dans une maison peuplée d'ours... Mais, je dis bien réécriture et pas simplement nouveau récit de la célèbre histoire des frères Grimm.

Réécriture, tout d'abord, par le cadre choisi pour cette nouvelle version. L'histoire prend en effet place dans la Lorraine de la première moitié du XIXe siècle. Là où les contes sont habituellement assez vagues en ce qui concerne le cadre spatio-temporel, Victor Dixen s'appuie au contraire sur un background historique bien documenté et bien utilisé. Cet ancrage historique constitue, à mes yeux, un des points forts du roman même si, au final, cela n'a pas forcément un impact crucial sur le cœur du récit.

Réécriture, ensuite, car l'auteur s'éloigne de la forme même du conte. Animale n'adopte ainsi pas la forme d'une histoire narrée chronologiquement par un narrateur extérieur. Bien au contraire, au fil des pages, Victor Dixen joue des différentes formes narratives à sa disposition : récit traditionnel, lettres, rapport d'enquête, entretien de police, journal intime... Cela apporte une véritable variété au roman et permet de sans cesse renouveler l'attention du lecteur. Cependant, on touche là également à un des défaut du livre. En effet, j'ai parfois eu une impression de longueur et de redite entre les différentes formes de narration. Certaines informations étaient simplement reformulées d'une nouvelle manière sans que cela n'apporte de réel intérêt.

Réécriture, enfin, par la complexité et l’ampleur nouvelle donnée à l'histoire de Boucle d'Or. En effet, en plus de jouer sur les formes de récits, Victoire Dixen les enchâsse et nous raconte non pas une mais deux histoires (qui sont bien évidemment liées). A nouveau, ce procédé permet de renouveler l'intérêt du lecteur en variant les lieux et les époques évoqués. Mais surtout, cela permet aussi de changer de personnages. Car, en effet, j'ai par moment eu un peu de mal avec l'héroïne, Blonde, en particulier lorsqu'il est question de l'histoire d'amour cousue de fil blanc qu'on sent poindre dès les premières pages.

Pour finir, un petit mot sur le style de Victor Dixen. Là, je n'ai rien à redire et je peux même souligner le fait que j'ai vraiment apprécié la plume de cet auteur. Son écriture est recherchée et nous rappelle qu'il existe de la littérature jeunesse qui ne prend pas son lectorat pour une bande d'illettrés : vocabulaire riche, construction de vraies phrases... On peut en particulier noter le soin accordé au prologue et à certains chapitres de la fin du livre, dont la focalisation particulière du narrateur influe sur le style même d'écriture. Finalement, on en est presque déçu au sens où cette maîtrise du style illustre le potentiel de l'auteur, mais potentiel qui n'est pas mis au service d'une histoire qui en est à la hauteur. En effet, arrivé à la fin du roman, c'est avec une pointe de déception qu'on constate que l'histoire n'a jamais vraiment décollé. Si elle se suit sans problème, on se rend compte qu'il s'agit là d'une x-ième varitation sur le thème des transformations homme-animal en replaçant le loup actuellement à la mode par l'ours. Les péripéties ne sont pas forcément très innovantes en ce qui concerne le parcours de Blonde. Ainsi, au final, c'est plus l'histoire dans l'histoire (c'est à dire celle que découvre elle-même Blonde au fil du livre) qui m'a intéressé que les pérégrinations de ladite héroïne.


En résumé : un roman qui confirme ce que j'ai entendu sur la plume de Victor Dixen. Un réel travail sur le style, l'univers et le texte mais au service d'une histoire qui, si elle se suit sans difficulté, n'est finalement pas toujours à la hauteur des précédentes qualités. Il n'en demeure pas moins qu'Animale est un roman jeunesse de qualité qui rappelle que roman jeunesse ne signifie pas simplicité.

7/10

mardi 23 avril 2013

Un nuit pour tout changer d’Aurore Seïté



Une nuit pour tout changer
Aurore Seïté
Editions Persée
170 pages

Quatrième de couverture
Le Sablier est un monde à part.
Il s'agit d'un village parfait, sans violence et offrant la possibilité de remonter le temps pour modifier et réussir sa vie.

Luc aura l'opportunité de connaître ce monde, malheureusement, il n'y aura pas sa place. Son arrivée au Village va rapidement bouleverser l'ordre des choses mais quand l'amour et l'égoïsme s'en mêlent, il est déjà trop tard pour revenir en arrière.






Ma rencontre avec le livre


J’ai récemment découvert les Editions Persée grâce au site Livraddict. Assez enthousiasmé par la première de leurs publications que j’ai pu lire (Les secrets du temps), je n’ai pas hésité lorsqu’on m’a proposé d’en découvrir une autre. Je les remercie pour leur confiance.


Ma lecture du livre


Une nuit pour tout changer est un roman fantastique mettant un scène un monde rêvé dont les habitants (venus de notre monde) ont la possibilité de changer leur passé. Ce concept de base et une partie de son traitement sont des idées intéressantes. Cependant, j’ai trouvé qu’il n’était pas suffisamment exploité : lorsqu’on arrive à la fin du livre, on a finalement du mal à comprendre où voulait aller l’auteur avec ses personnages et la chance qui leur était donnée (c’est peut-être moi qui suis compliqué et veut chercher du sens là où il n’y avait pas forcément volonté d’en donner). Mais le fait est que si j’ai été emballé par l’idée générale, l’épilogue m’a laissé sur ma faim.


La narration est soutenue et sans longueur. Seul défaut : les évènements s’enchaînent trop vite. On passe d’une situation à l’autre, faisant des bons dans le temps, sans que rien ne viennent appuyer la cohérence d’une telle évolution de l’intrigue qui par moment laisse donc le lecteur sceptique.


L’auteur (dont c’est le premier roman) a un style facile à lire mais qui demande selon moi à mûrir encore un peu (mais elle aura ses prochains romans pour ce faire !). De même, on sent des hésitations qu’il faudrait corriger quant à la focalisation du narrateur : on a parfois du mal à voir à quel niveau de connaissance et derrière quel personnage se focalise celui-ci. Par conséquent, les effets de suspens qui sont créés sont parfois un peu maladroits.


En revanche, un des points forts du livre réside dans sa galerie d’habitants du village. Les flash-backs (influence de Lost sur ce point ? Peut-être à nouveau moi, qui en grand fan, en voit partout !) sont ce que j’ai préféré. Tous les personnages présentent des parcours variés, certains parfois très glauques (attention, par conséquent, au lectorat ciblé par le livre qui n’est pas forcément très clair au premier abord). Seul regret : j’aurai aimé des flash-backs plus longs et plus nombreux afin de donner plus d’épaisseur à ces personnages qui avaient l’air intéressant (et qui malheureusement pour certains ne font qu’une unique réelle apparition dans l’histoire).
 

En bref : un roman fantastique léger. Des idées intéressantes, une intrigue sans temps mort mais au détriment de l’approfondissement des personnages et de l’explication des situations présentées. Un jeune auteur aux idées prometteuses, donc, dont on espère que l’écriture aura l’occasion de gagner en maturité dans ses prochains livres.

5/10

lundi 11 février 2013

Les soupirs de Londres 1 : Le manoir des Immortels d’Ambre Dubois


Les soupirs de Londres 1 : Le manoir des Immortels
Ambre Dubois
Publié aux Éditions du Petit Caveau
260 pages

Quatrième de couverture
Londres, 1888...
La ville est secouée par les épouvantables crimes de Jack l'Eventreur. Dans la petite communauté vampirique locale, dirigée par le ténébreux Rodrigue, l'on se pose des questions. Le tueur serait-il l'un d'eux ?
La belle Stella, reconnue pour ses étonnants pouvoirs occultes, va être chargée de mener l'enquête auprès d'une curieuse famille bourgeoise, les Heartavy.
Finira-t-elle enfin par découvrir la terrible vérité ?






Ma rencontre avec le livre :
Je ne suis pas un grand lecteur de littérature vampirique mais quand une de vos amies est en lien avec une maison d’édition ayant pour spécialité cette ligne éditoriale et qu’elle vous propose de découvrir certaines publications, personnellement, je ne me fais pas prier et je m’écarte de mes lectures habituelles et prévues. En effet, c’est toujours sympathique de découvrir des livres qu'on aurait pas forcément pris la peine de lire de soi-même. Et cela aurait d’autant plus dommage dans le cas de cette très agréable découverte.


Ma lecture du livre :
Les ingrédients du roman d’Ambre Dubois, premier volet de ce qui est pour le moment une trilogie, sont simples : des vampires, une Londres brumeuse à la fin XIXème siècle, une intrigue policière s’inspirant librement du mythe de Jack l’Eventreur. Mais, cela suffit et la recette fonctionne.

Si l’intrigue demande quelques pages avant de se mettre en place, l’atmosphère est posée, elle, d’emblée et accroche très vite le lecteur. La reconstitution du Londres victorien est convaincante et c’est avec plaisir qu’on suit les pérégrinations de Stella qui gravite tour à tour au sein des cercles aristocratiques et dans les bas-fonds de Whitechapel.

Les personnages principaux  s’avèrent relativement attachants. Stella est une héroïne énigmatique qu’on prend plaisir à suivre et qui ne s’avère pas être midinette  écervelée comme j’en ai croisées dans les rares romans de vampires que j’ai lus (non, non, je ne fais pas dans le cliché en qualifiant ainsi l'héroïne d'un certain roman américain à succès de ces dernières années ^^). On peut cependant regretter le faible background du personnage dont on ignore presque tout sur les motivations et le passé. Mais, il s’agit ici selon moi de quelque chose de volontaire car à plusieurs reprises l’auteur fait des allusions, nous laissant sur notre faim et appelant ainsi à lire une suite (qu’on sait aujourd’hui publiée mais qui devait être en germe dans l’esprit de l’auteur à l’époque). Un « défaut » (totalement subjectif, je le reconnais) me vient également à l’esprit en ce qui concerne les personnages masculins : certaines descriptions et scènes m’ont en fait paru un peu lourdes par leur côté volontairement aguicheur destiné au lectorat féminin.

L’intrigue, on l’a dit, met un peu de temps à se mettre en place. Elle s’avère relativement convenue à mon goût mais est efficace et retient le lecteur une fois l’ « enquête » lancée. On devine à l’avance certains éléments  mais sans jamais être sûr du bien fondé de nos hypothèses. A l’inverse, par moment certains éléments paraissent tirer des ficelles scénaristiques si grosses que j’en ai trouvé ridicule ce que je pensais être des tentatives de l'auteur pour m'égarer. Pauvre de moi car en fait, dans ces là, je me suis fait royalement berner ! L’auteur démontre donc par là une maîtrise certaine des arts de la mystification du lecteur (mais qui pourrait être plus subtile par moment et j'espère que ce le cas dans le prochain tome).

Enfin, il faut préciser que le roman appelle indéniablement une suite en raison des attentes déjà évoquées quant au passé de certains personnages ou  à l’évolution de leur relations. Mais, c’est aussi lié au fait que l’intrigue policière, si elle est résolue en ce qui concerne les événements du roman, n’est pas tout à fait close.




Pour résumer : une agréable découverte pour moi qui ne lit pas énormément de romans sur les vampires. Il ne s’agit pas d’une révélation mais ma lecture s’est révélée assez plaisante pour me donner envie de poursuivre la série avec la lecture des autres tomes.

 7/10

vendredi 1 juin 2012

The Woman in Black (La dame en noir) de Susan Hill


The Woman in Black - La Dame en noir
Angleterre, début du XXe siècle. Arthur Kipps, jeune avoué londonien, est dépêché dans le nord du pays pour assister aux funérailles d'Alice Drablow, 87 ans, puis trier ses papiers en vue d'organiser sa succession.
Les habitants lui battent froid dès qu'il prononce le nom de feue Mme Drablow, unique occupante du Manoir des Marais, demeure isolée, battue par les vents et située sur une presqu'île uniquement accessible à marée basse.
Lors de l'inhumation, Arthur remarque la présence, un peu en retrait, d'une femme tout de noir vêtue. Il l'aperçoit ensuite dans le cimetière, mais elle s'éclipse avant qu'il ait le temps de lui parler...
Cette femme en noir, Arthur la verra de nouveau aux abords du manoir, une fois qu'il s'y sera installé pour commencer son travail. Mais se produisent alors nombre de phénomènes mystérieux qui ébranleront le jeune homme et feront vaciller sa raison...
Comme il l'apprendra peu à peu, une malédiction plane sur ces lieux...
 
Lu en version originale
La version française est publiée aux éditions L'Archipel
217 pages





Ma rencontre avec le livre :

J’ai découvert ce roman par l’intermédiaire du film qui en a été tiré (et dont vous trouverez la critique ici). Une amie possédant le livre, j’ai saisi l’opportunité de comparer les deux versions en le lisant. Le roman rattrape-t-il les défauts du film ? Verdict dans la chronique !



Ma lecture du livre :

Ce roman fantastique tournant autour d’une histoire de fantôme est en même temps très proche et différent du film qui en est tiré. Je m’explique : l’histoire est presque la même mais avec quelques nuances (un jeune notaire se rend dans une vieille maison pour y trier les papiers d’une défunte dont son cabinet gérait les affaires) et certains passages sont presque trait pour trait similaires à certaines scènes du film tandis que certaines péripéties sont exclusives à la version cinéma. Par exemple, la résolution du mystère et de la malédiction de la dame en noir donne lieu à une quête bien plus développée dans le film.

 
Par conséquent, ayant vu le film avant de lire le livre, j’ai par moment pu avoir l’impression de rester sur ma faim. Considérant que l’auteur aurait pu aller plus loin sur certains points (puisque cela a par exemple été fait  par le réalisateur du film). Pourtant, à bien y réfléchir, même si ce n’est pas là un coup de cœur, ma préférence va au livre.
 
Première qualité du roman, l’immersion plus intense qu’il offre dans les peurs du personnage principal. En effet, il n’y a pas à dire : la littérature est bien plus à même de communiquer les pensées des personnages. Et ici, c’est essentiel puisque ce sont avant tout les craintes et les association d’idées et les impressions du jeune notaire qui est confronté à cette mystérieuse dame en noir. De plus, la suggestion et la simple description de l’atmosphère fonctionnent mieux selon moi que les ressorts utilisés dans le cinéma fantastique (qui, à force d’être vus et revus sont tellement prévisibles qu’ils en deviennent plus drôles qu’effrayant). Avec le roman, on ne tremble pas non plus de peur mais au moins l’atmosphère est mieux contrôlée, sans fausse note qui viendrait casser l’immersion.


La deuxième qualité du roman découle de ce que je viens d’évoquer : l’ambiance et le style. Il y a peu d’action dans ce roman. Tout est dans l’introspection du personnage principal (comme je viens de le mentionner) mais aussi dans les descriptions. Et c’est là que je trouve que le style de Susan Hill joue un rôle important. Ces passages descriptifs sont omniprésents dans le livre et pourtant, il n’alourdissent pas le récit. Bien au contraire, ils sont parmi les passages que j’ai préférés. Ces tableaux de paysages brumeux et de marais côtiers ne sont pas sans un petit côté romantique (au sens du courant littéraire, pas d’eau de rose) qui offre un certain charme au récit.


Mais le roman n’est pas sans défaut non plus. Comme je l’ai déjà dit, l’intrigue paraît un peu simple parfois. On aurait aimé que l’auteur approfondisse certains points (mais cela est sûrement lié au film comme je l’ai dit). Ensuite, par moment, on a l’impression que l’auteur cède à la facilité : le personnage accepte trop facilement le paranormal comme une évidence. Où est passé le duel entre la raison et l’inexplicable qui est normalement au cœur de tout récit fantastique ?


Pour résumer : La dame en noir est donc un petit roman (très court : 200 pages en VO) agréable et facile à lire. On se laisse prendre par l’histoire (cela doit être encore plus vrai si l’on a pas vu le film). L’atmosphère est convaincante et les descriptions ont beaucoup de charme. Malgré cela, pour autant que je puisse en juger (je lis très peu de roman de ce genre ; je n’ai donc pas vraiment de point de comparaison), je ne sais pas si il s’agit là d’un incontournable du genre : c’est sympa mais ça ne m’a pas transcendé au point de le conseiller partout autour de moi. A vous de voir si vous avez le temps de juger par vous même !

6,5 / 10


CITRIQ

mardi 8 mai 2012

Quelques minutes après minuit de Patrick Ness

Chronique un peu longue pour un roman qui est très loin de m’avoir laissé indifférent, bien au contraire (comme en témoigne ladite longueur !) : Quelques minutes après minuit de Patrick Ness.




Quelques minutes après minuit
Patrick Ness
Editions Gallimard Jeunesse
215 pages

Quatrième de couverture
Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris. C'est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.








Ma rencontre avec le livre

Patrick Ness, l’auteur de ce roman, est sans doute la découverte littéraire qui m’aura le plus enthousiasmé au cours de ces deux dernières années. J’ai tout simplement été captivé par sa trilogie de science-fiction Le Chaos en marche et j’attendais donc avec impatience son nouveau roman, tiré d’une idée originale de la défunte Shiobhan Dowd. J’ai eu la chance de pouvoir le découvrir dès sa sortie grâce aux Éditions Gallimard Jeunesse qui m’ont offert la chance de lire dans le cadre d’un partenariat. Merci encore à elles ! Mais ces retrouvailles avec Patrick Ness ont-elles été à la hauteur ?




Ma lecture du livre

C’est là un livre bien loin de ce à quoi nous avait habitué son auteur dans Le Chaos en marche, quelques soient les aspects considérés. Un seul point commun néanmoins : on retrouve son talent de conteur mais au service d’un récit singulièrement différent.


Ici, pas de science-fiction mais une histoire toute simple, presque banale si tant est que l’angoisse et le malaise qui traversent tout le roman puissent être qualifiés ainsi. C’est l’histoire d’un enfant comme les autres, Conor, et de sa mère. Comme les autres, à un détail près : cette effroyable vérité, ce non-dit qui pèse sur le héros et sur le lecteur et que le monstre est venu révéler. Oui, un monstre ! Car, sous ses airs d’histoire banale entre une mère et son fils, Quelques minutes après minuit est en réalité une sorte de fable poétique : un monstre végétale est au cœur de l’histoire et accompagne Conor, ou plutôt le force, dans sa quête de la vérité refusée.


Une histoire simple mais efficace, racontée de façon originale. Des thèmes tirés de la vie « de tous les jours » mais en même temps peu anodins, voire dérangeants. On ne ressort pas indemne de cette lecture. Si la forme du texte, avec ses illustrations et son côté fable, semblent destiner le roman à un public plus jeune que Le Chaos en marche, la dureté du récit en font un roman pour lequel j’ai du mal à situer le public (l’éditeur donne à partir de 12 ans). A éviter peut-être pour les plus jeunes de moins de 11-12 ans ou alors dans le cadre d’une « lecture accompagnée » (mais après c’est peut-être moi qui suit trop sensible à certains aspects du récits). Une chose est sûre, l’histoire ne laissera personne indifférent…


Une des grandes qualités du Chaos en marche était la langue si particulière de Patrick Ness, ce Bruit, qui découlait directement de l’univers. Qu’en reste-il ici, où l’univers ne nécessite pas cette approche ? La langue en elle-même se veut bien plus conventionnelle. Pourtant, Quelques minutes après minuit porte lui aussi sa marque. On retrouve par certains aspects ce style très vif, rythmé avec des phrases et des paragraphes qui s’enchaînent, soulignant la dureté de l’histoire. La façon de raconter est également très intéressante. Le roman voit s’emboîter différentes histoires, des fables dans la fable ce qui donne un peu plus d’épaisseur à l’intrigue de départ qui, on l’a dit, assez simple.


Le point fort du roman reste néanmoins son atmosphère très particulière. Ce n’est pas une lecture que je vous conseille pour rêver et oublier vos soucis. Quelques minutes après minuit est un livre pesant, voire dérangeant. Des non-dits, un malaise et une tension permanente traversent tout le roman, en raison des événements vécus par Conor. Cette vérité qu’est venu chercher le monstre, elle est là, sous-jacente, on croit la deviner. Mais comme le héros, on la redoute. Et quand vient la fin… Mais je n’en dit pas plus.


Dernier aspect à souligner : les illustrations de Jim Kay qui ponctuent les pages du livre. Elles contribuent à l’atmosphère sombre et sont très réussies. J’en ai mises quelques unes en illustration de cette chronique afin de vous laisser juger par vous-mêmes. Le livre est ainsi agréable à prendre en main et à regarder. Seul bémol, la couverture originale était selon moi plus jolie (voir illustration plus haut).


Bien sûr, en tant qu’amateur de SF, j’avais espéré retrouver le Patrick Ness du Chaos en marche avec un récit du même genre. Mais en même temps, je suis content qu’il nous ait proposé autre chose : il prouve par là son talent et sa capacité à varier les genres.


Pour terminer, un citation du roman, à l’image de ce qu’est pour moi le style de Patrick Ness (un peu moins dans ce roman) mais aussi l’histoire de Quelques minutes après minuit :
«  Les histoire sont les choses les plus sauvages de toutes. Les histoires chassent et griffent et mordent. »


En résumé, un très bon roman : poignant, intelligent et plein de vérité mais en même temps très poétique et imagé (que ce soit par les dessins proprement dits que par les idées). Une histoire qui vous chamboule un peu (ou beaucoup selon vos expériences personnelles…) et qui, malgré l’aspect fable pour enfants, ne tombe pas une vision adoucie et convenue de la perte d’un être cher. Seul goût amer après cette lecture : combien de temps avant le prochain Patrick Ness ?!

COUP DE COEUR
9/10


CITRIQ



Le "trailer" du roman en langue originale : une vidéo très réussie.

mardi 1 mai 2012

Le Mauve Empire de V.K. Valev

Voici enfin la chronique du Mauve Empire, roman de science-fiction vampirique qui a été l’objet de mon premier partenariat avec les Éditions du Petit Caveau. Je remercie encore une fois toute leur équipe pour m’avoir permis de découvrir, au format e-book ce roman très original !




Éditions du Petit Caveau
Lu au format e-book.

Quatrième de couverture
Séverin Desjaunes mène une vie effrénée. Jeune ingénieur de la firme Fun Technologies, il se rend dès la nuit tombée dans l’hôpital où il exerce son talent de magnétiseur, à la demande d’un ami – le docteur Pravédine.Pourtant, le don surnaturel dont bénéficie Séverin ne semble pas suffisant pour venir en aide à la seule personne qu’il souhaite vraiment guérir : sa femme, Arline, qui souffre d’une variante super-résistante de la tuberculose. Afin d’essayer de sauver son épouse, le jeune homme doit remonter jusqu’à l’origine de son pouvoir.
Commence alors un voyage dans un monde où rien ne semble être ce qu’il paraît, où les médecins sont des tueurs, où les vampires sauvent la vie, et où la mort n’est qu’un passage.
Finalement, c’est au sein de ce chaos, quand les notions d’opposition et de complémentarité s’effondrent, qu’une vie et une humanité nouvelles prendront forme.




Nous tenons là un roman original : allier vampirisme et science-fiction, il fallait oser et V.K. Valev l’a fait ! L’auteur nous propose en effet de découvrir une société légèrement futuriste dans laquelle évolue Séverin, un jeune magnétiseur, qui use de ses dons pour soigner les cas désespérés que lui présente son ami le docteur Pravédine.


L’univers et surtout l’atmosphère du roman : c’est là qu’on touche au point fort du Mauve Empire. La première partie du livre, bien que ne présentant que peu d’action, est celle que j’ai préférée. On gravite dans une sorte de microcosme entre le monde hospitalier, l’entreprise de haute technologie où travaille le héros et son appartement. Cet univers clos dérange, les personnages interrogent. On ne parvient pas à cerner les motivations des différents acteurs en présence et même Séverin, le personnage principal, nous échappe. On sait qu’il va être question de vampire, mais même nous, lecteur, ne parvenons pas à savoir où et quand ! Où sont-ils donc, comment vont-il intervenir dans cette histoire ?


Puis, survient la seconde partie du roman. Le ton change : on quitte cet atmosphère si particulière pour plonger dans une histoire de vampire plus classique. Certains se réjouiront d’enfin retrouver leurs créatures aux longues dents préférées. Personnellement, j’ai été déçu par cette partie du roman. L’univers présenté pendant les 100 premières pages laissait présager quelque chose de très novateur mais finalement, on ne sort (presque) pas du schéma traditionnel en ce qui concerne le monde vampirique : un maître, des sociétés secrètes, un QG…. Bref, légère déception de ce côté là, d’autant plus que les quelques originalités au sujet des vampires m’ont paru trop peu mise en avant, en particulier dans l’approche biologique du phénomène.


Heureusement, la conclusion du roman est à la hauteur de la première partie. On retrouve l’originalité due à la science-fiction et, enfin, les univers vampire et technologie se rencontrent. Le tout est malheureusement traité trop rapidement, sans expliciter assez clairement les enjeux ainsi ouverts (peut-être en raison d’une suite en germe dans l’esprit de l’auteur ?). Quoiqu’il en soit, j’ai vraiment apprécié l’ambivalence de l’épilogue. Sans avoir recours à la petite note concluant le roman (qui d’après moi donne un peu l’impression au lecteur de ne pas être pris au sérieux) j’ai senti ce léger malaise qui donne sa saveur au roman. Dommage que l’auteur ressente le besoin de sortir les panneaux de signalisation pour montrer le chemin au lecteur… Cela gâche un peu la subtilité de ces dernières lignes mais il est vrai que, sans cette indication, je n’aurai sans doute pas perçu la totalité des indices laissés par l’auteur dans son épilogue.



Pour récapituler, Le Mauve Empire est un roman original. Une lecture agréable qui n’atteint cependant pas la coup de cœur, sûrement à cause du support de lecture (ce sera, je pense, ma seule expérience d’e-book lu sur l’ordinateur). Les amateurs de littérature vampirique aimeront pour l’originalité de l’ensemble tandis que les autres pourront être intrigués par ce curieux mélange qui aurait cependant pu être poussé un peu plus loin selon moi. Un auteur à suivre !

7 /10

CITRIQ


Encore merci aux Éditions du Petit Caveau de m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce roman dans le cadre de l'opération Croc'ebook.
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