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vendredi 3 mai 2013

Cycle d’Ender (La saga des ombres 5 ?) : Les rejetons de l’Ombre d’Orson Scott Card


Les rejetons de l’Ombre
Cycle d'Ender (La saga des ombres, tome 5 ?)
Orson Scott Card
Editions l’Atalante
200 pages

Quatrième de couverture
Ils étaient quatre à bord de l’Hérodote : Bean, le Géant, le stratège inégalable, et ses trois enfants héritiers de la clé d’Anton. Ender, Carlotta et Cincinnatus, trois petits génies condamnés comme leur père à une existence abrégée, que Bean avait arrachés à leur mère et à leur monde dans l’espoir que leur malédiction génétique trouverait un jour son antidote. Cinq ans s’étaient écoulés sur l’Hérodote tandis que le vaisseau filait à une vitesse relativiste, plus de quatre cents ans sur Terre. Et la Terre les avait oubliés... Leur seul espoir reposait désormais en eux-mêmes, peut-être en ce qu’ils allaient trouver parmi les étoiles, et Bean approchait d’une mort inéluctable.



Ma rencontre avec le livre

Fan d’Orson Scott Card, lecteur assidu en particulier du cycle d’Ender, j’ai été pris de court en découvrant en mars dernier que les éditions l’Atalante allaient déjà publier ce roman sortie l’an dernier en VO. Pourquoi une telle surprise ? Parce que j’avais dû attendre près de 6 ans pour que paraisse en poche le dernier Card que j’ai lu (à savoir le tome 4 de la Saga des Ombres, chroniqué ici). Je remercie donc doublement l’Atalante pour cette publication éclaire et pour m’avoir permis de me réconcilier avec un auteur sur lequel je commençais à avoir des doutes : Les rejetons de l’Ombre les balayent d’une claque phénoménale.


Ma lecture du livre

Vous aurez peut-être noté le « La saga des ombres 5 » entre parenthèse et accompagné d’un point d’interrogation dans le titre de l’article. Cela traduit tout simplement la difficulté à insérer cette suite qui n’en est pas vraiment une dans l’œuvre de Card. Indéniablement, Les rejetons de l’ombre fait partie du cycle d’Ender (à mon sens bien plus que les précédents tomes de la Saga des Ombres) mais de là à dire qu’il s’agit du tome 5 de la dite saga, ce n’est pas si simple. Explications.


Je l’ai dit, Les rejetons de l’ombre est une suite qui n’en est pas vraiment une. Suite car on  retrouve les personnages laissés à la fin de l’Ombre du géant, le tome 4 de la Saga des Ombres, et on se place dans une certaine continuité chronologique. Mais, pas tout à fait une suite car nous tenons là un roman singulièrement différent de ce à quoi l’auteur nous avait habitué dans la Saga des Ombres.

Cela tient tout d’abord à un scénario beaucoup plus « restreint » au sens où il se concentre sur un nombre limité de personnages, donnant ainsi à Card l’occasion de rejouer de ce qui faisait la force de La Stratégie Ender : l’interaction entre quelques individus réunis dans un espace limité. On retrouve le talent de l’auteur à dresser le portrait de personnages et à fouiller leur psychologie tout en les plongeant au cœur d’une « aventure » centrée ici sur l’exploration d’un mystérieux navire extraterrestre croisé durant leurs pérégrinations spatiales (a priori pas très original comme accroche mais, détrompez-vous, ça marche à merveille. Je n’en dis pas plus).

La tonalité de l’intrigue est également radicalement différente des précédentes aventures de Bean dans la Saga des Ombres et contribue à ma réticence à parler de « suite ». A mon grand plaisir, Card abandonne enfin l’anticipation géopolitique (qui commençait à me lasser) pour revenir vers de la SF plus spatiale aux touches Hard-SF (c’est à dire mettant l’accent sur des démonstrations scientifiques). Que les allergiques aux réflexions sur la gravité ou la génétique ne s’effrayent pas : malgré mon faible bagage scientifique, je n’ai pas été endormi et je pense avoir plus ou moins bien compris les différents points technologiques et biologiques au cœur de l’intrigue.

Mais surtout, si Card m’a conquis ici, c’est en raccrochant, par ce roman, la Saga des ombres à la mythologie générale du Cycle d’Ender. L’auteur multiplie les liens avec les romans centrés sur Ender, en particulier en ce qui concerne La voix des morts et la culture des Doryphores, cette race extraterrestre qui menaçait la terre dans La stratégie Ender. Non seulement on en apprend plus ici sur leur civilisation, mais surtout ces informations bouleversent ce que nous pensions savoir et offrent des perspectives nouvelles quant au propre destin d’Ender post-Stratégie (narré dans les romans La voix des morts, Xénocide et Les enfants de l’esprit).


Que dire sur les aspects plus formels du lire ? Une lecture fluide qui fait bien la part entre portrait psychologique, exposé scientifique, exploration et action (mais à petite dose, je vous préviens) et révélations. L’auteur use à bon escient de l’humour et de la corde sensible, rendant particulièrement émouvante (encore une fois) la fin de son roman. Seul reproche : l’impression qu’il prend parfois son lecteur pour un malade souffrant du symptôme de Doris (ne cherchez pas, je viens de l’inventer en référence à Doris, le poisson souffrant de perte de la mémoire courte du Monde de Nemo ; ne cherchez pas non plus pourquoi cette référence me vient maintenant…) : il nous ressasse plusieurs fois certaines informations telle que l’origine d’un surnom (qui en soit n’est même pas crucial à l’intrigue). Il fallait bien trouver quelque chose à critiquer…


Avant de conclure, répondons par conséquent à la question que posait implicitement le statut de suite/non-suite : un lecteur novice dans l’univers de Card peut-il lire et apprécier Les rejetons de l’ombre ? Sa singularité fait que, à mon sens, oui : un lecteur n’ayant pas lu les tomes précédents de la Saga des Ombres pourrait éventuellement apprécier. Bien sûr, il ne comprendra pas la portée de toutes les références et certains points resteront peut-être obscurs. En revanche, il me semble indispensable d’avoir lu au minimum La stratégie Ender (et encore mieux, La voix des morts mais pas obligatoirement) car, sans cela, le lecteur ne saisira pas l’enjeu de ce nouveau roman et risquera de trouver ennuyeuses et convenues les révélations sur les Doryphores.


En bref : suite uniquement du point de vue chronologique et des personnages, Les rejetons de l’ombre apparaît comme un roman radicalement singulier dans le cycle d’Ender dans lequel il s’inscrit pourtant en explorant la culture des mystérieux doryphores. On quitte la science-fiction politique pour une aventure scientifique spatiale. Par cette fraîcheur, alliée à un lien profond avec la mythologie fondatrice d’Ender, ce roman me réconcilie plus que jamais avec Orson Scott Card. L’auteur nous prouve qu’il n’a rien perdu de son talent et qu’il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir. Espérons que l’Atalante soit aussi rapide dans la traduction de Shadow alive (la suite des Rejetons de l’ombre) dont la date de parution VO n'a malheureusement pas encore été annoncée !

9,5/10


mardi 19 mars 2013

La saga des ombres 4 : L’ombre du géant d’Orson Scott Card



Ender : La saga des ombres 4 : L’ombre du géant
Editions J’ai Lu (ou L’Atalante)
380 pages 

Quatrième de couverture
En parvenant à contrecarrer les plans d'Achille, Bean a évité d'un cheveu un désastre d'une ampleur inégalée. Petra et lui attendent aujourd'hui leur premier enfant, conçu in vitro, mais ils ignorent le sort qu'Achille a réservé aux autres embryons et s'ils portent en eux la maladie génétique dont souffre leur père.
Pendant ce temps, une guerre impliquant les autres anciens élèves de l'école de guerre - Alai, Virlomi, Vlad... - menace d'éclater. La Terre ne trouvera cependant son salut que dans l'unité, et celle-ci ne pourra s'incarner que dans un seul homme : Peter Wiggin, l'Hegemon. Bean est-il prêt à conclure un pacte avec le cruel frère d'Ender ? 

Chronique du tome 1 : La stratégie de l’ombre
Chronique du tome 2 : L’ombre de l’hégémon
Chronique du tome 3 : Les marionnettes de l’ombre





Ma rencontre avec le livre
Longue histoire entre cette saga et moi. J’avais reçu les trois premiers tomes de mes amis pour mon anniversaire qui n’avaient pas choisi cette série par hasard  : ils me savaient fan de la Stratégie Ender (qu’ils ont eux-mêmes découvert grâce à moi).
En ce qui concerne ce quatrième tome, je remercie les Editions J’ai Lu qui m’ont offert l’opportunité de découvrir ce roman à l’occasion de sa sortie poche en février 2013.


Ma lecture du livre
Première chose à dire : le résumé cité plus haut ne décrit pas totalement le contenu de ce dernier roman. Certes, Achille n’est plus là et l’enjeu politique du moment est d’unifier le monde, mais un autre aspect du roman (et selon moi celui qui en est le principal intérêt) réside dans la quête personnelle de Bean et Petra en lien avec la maladie du jeune homme et la recherche des enfants qui leur ont été volés.


Je viens de le dire : pour moi, l’intrigue géopolitique ne sert presque à rien. Hélas, c’est pourtant elle qui occupe les trois-quart du roman !  Horreur ! Par conséquent, le roman m’a paru assez creux. Il ne s’y passe pas grand chose mis à part le défilé des différents membres du djish d’Ender (une sorte d’au revoir général proche du fan service ?) et des considérations géopolitiques parfois douteuses. En effet, la vision du monde de l’auteur risque d'en faire grincer certains des dents. Je pense en particulier ici au tableau peu flatteur qu’il fait de l'empire musulman dirigé par Alaï. Soyons clair : toutes les puissances en action dans le roman sont critiquées et présentées comme coupables de massacres d’innocents et de la mort de leurs soldats, que ce soit l’Inde, la Chine ou la Russie (mais remarquez que ce sont toujours des concurrents actuels des USA…). Simplement, l’empire musulman est présenté comme le pire. Avec un auteur américain, on a toujours l’impression de voir planer le spectre d’un anti-islamisme latent sur le livre. En réalité, je pense qu’il faut se garder d’une telle critique envers l’auteur. Si je ne cautionne pas le caractère orienté que je viens d’évoquer, il faut laisser à l’auteur deux choses : 1) les USA ne sont pas présentées ici comme la première puissance ou comme les policiers du monde mais, au contraire, comme des lâches qui se cachent derrière leurs frontières et se désintéressent des affaires du monde ; 2) l’Islam en tant que tel n’est pas critiqué (bien au contraire, à plusieurs reprises au cours de la saga des ombres, Card, qu'on sait fervent croyant, a fait sien certains aspects de cette religion et de son message  tandis que le personnage d’Alaï, musulman éclairé, est tout à fait positif) et c’est plutôt l’instrumentalisation de la religion qu’il met en scène et condamne (pas innocemment car immanquablement le lecteur fait le lien avec le contexte et le discours américain actuel…).

Bref, revenons à notre intrigue : on a donc finalement l’impression que l’auteur tire en longueur et on se dit, à la vue du remplissage qui caractérisait déjà les tomes 2 et 3, qu’il aurait pu faire plus court… Ou alors, il aurait pu donner plus de place à la quête personnelle de Bean qui se perd malheureusement dans le reste.

 

Mais, on persévère et on ne le regrette pas. Car, si on peine à avancer pendant les chapitres de remplissage, la fin du roman remonte le niveau. Les deux derniers chapitres à eux seuls font que je ne regrette pas ma lecture. Ils sont à la fois puissants par la « conclusion » de l’histoire Bean/Petra (on reviendra plus loin sur ces guillemets) et jubilatoires par les liens tissés avec le cycle principal d’Ender et surtout les retrouvailles entre deux personnages. Les personnages principaux sont en effet, comme toujours chez Card qui parvient à leur donner une réelle épaisseur psychologique, le principal intérêt du roman. J’émettrai cependant une réserve quant à l’évolution du personnage de Peter. Si je suis en quelque sorte content pour lui à la fin, je trouve dommage d’aseptiser l’enfant sadique et manipulateur que l’auteur avait mis en scène dans ses premiers romans.




Autre point important : la suite. Car oui, même si ce roman était présenté comme le dernier tome de la saga des ombres, l’histoire ne me semble pas terminée. La situation sur terre et la restauration de la fonction d’hégémon sont réglées mais des pistes restent ouvertes en ce qui concerne la quête personnelle de Bean sur deux points. Si l’une des ouvertures (la fin du roman) peut être considérée comme un choix assumé de fin ouverte, l’autre point, en lien avec l’héritage d’Achille (le méchant des tomes précédents) demande selon moi à être résolu car les enjeux sont trop importants pour prétexter ici aussi une fin ouverte. J’imagine que des réponses seront données dans Shadow in Flight (déjà paru en VO) et Shadow Alive (à paraître) dont je ne vous dirai rien de l’intrigue pour ne pas vous spoiler la fin de ce roman. Sachez seulement que j’ai de grandes attentes pour ces deux livres qui vont voir se resserrer encore plus étroitement les liens entre les différents romans du cycle d’Ender. Serait-ce là l’aboutissement de toute la série ? L’avenir nous le dira !


En bref : un dernier tome qui est malheureusement dans l’ensemble décevant mais qui est sauvé par la conclusion qu’il apporte à l’aventure terrienne de Bean. Si l’intrigue géopolitique est en grande partie sans intérêt, on suit toujours avec plaisir les personnages eux-mêmes dans leur quête personnelle. Dommage qu’il faille en passer par ces longues considérations politiques pour enfin avoir le fin mot de l’histoire de Bean et Petra. Mais heureusement, cette conclusion est à la hauteur… en attendant la suite !



Difficile de mettre une note : la qualité des deux derniers chapitres et de quelques passages suffit-elle à justifier une bonne note ? Mettre une bonne note ne risque-t-il pas de tromper sur une grande partie ennuyeuse du livre ? Bref, mettons la moyenne, avec un petit plus pour la fin :
6/10

mardi 19 février 2013

[Concours - Résultats] Editions J'ai Lu / La stratégie Ender et La saga des Ombres

J’ai plaisir de vous annoncer l’organisation du premier concours du blog pour la sortie de L’ombre du géant d’Orson Scott Card (Editions J’ai Lu) ! Il s’agit là du quatrième et dernier tome de la Saga des Ombres, un série de SF se déroulant en parallèle de la célèbre Stratégie Ender (au ciné cet automne) et faisant partie de ce qu’on appelle le cycle d’Ender.



Ender : La saga des ombres 4 / L'ombre du géant   
Orson Scott Card
Editions J'ai Lu (février 2013)

En parvenant à contrecarrer les plans d'Achille, Bean a évité d'un cheveu un désastre d'une ampleur inégalée. Petra et lui attendent aujourd'hui leur premier enfant, conçu in vitro, mais ils ignorent le sort qu'Achille a réservé aux autres embryons et s'ils portent en eux la maladie génétique dont souffre leur père.
Pendant ce temps, une guerre impliquant les autres anciens élèves de l'école de guerre - Alai, Virlomi, Vlad... - menace d'éclater. La Terre ne trouvera cependant son salut que dans l'unité, et celle-ci ne pourra s'incarner que dans un seul homme : Peter Wiggin, l'Hegemon. Bean est-il prêt à conclure un pacte avec le cruel frère d'Ender ?






C’est aux Editions J’ai Lu que nous devons le plaisir de ce concours et je les en remercie chaleureusement. A gagner :

- 1 exemplaire de La stratégie Ender collection Nouveaux Millénaires : le roman fondateur d’Orson Scott Card, couronné de plusieurs prix et sur lequel repose tout le cycle d’Ender.

- 1 exemplaire de L'Ombre du Géant, tome 4 de la Saga des Ombres

- 4 lots de dix marque pages la Stratégie Ender.


Il suffit de répondre aux questions se trouvant dans le formulaire qui suit (tirage au sort parmi les bonnes réponses).
Pour vous aider, l’article que j’ai publié il y a quelque temps sur le cycle d’Ender devrait suffire pour les deux premières questions. Pour la troisième, internet est votre ami !


Afin d’augmenter vos chances, deux solutions :
1) Aimer la page facebook du blog (+1 chance)
2) Partager le statut de la page facebook où apparaît la pub pour ce concours (+1 chance)
IMPORTANT : Le partage doit être public pour que je puisse le voir ; il faut partager la pub qui est sur ma page facebook en cliquant sur "partager" depuis la publication (plus facile à vérifier pour moi^^).


Le concours est ouvert du mardi 19 février au mardi 5 mars 2013 à minuit. Les résultats seront disponibles ici dans les jours qui suivront et les gagnants seront contactés par e-mail afin d’obtenir leurs coordonnées pour l’envoi des lots (directement effectué par les Editions J’ai Lu).

Concours ouvert à la France métropolitaine, la Belgique et la Suisse.

Encore merci aux Editions J'ai Lu et bonne chance à tous !


Résultats

Voici  les  résultats du concours. Merci à tous pour votre participation !
Lot 1(1 exemplaire de La stratégie Ender) : Olivier
Lot 2 (1 exemplaire de L'ombre du géant) : Frann Kstew
Lot 3 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Denise B.
Lot 4 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Simon
Lot 5 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Usul
Lot 6 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Dorothée B.

Les gagnants seront contactés par e-mail pour me fournir leurs coordonnées postales afin que je puisse les  transmettre aux Editions J'ai Lu qui se chargeront de l'envoi des lots. Ils auront 72h soit jusqu'à dimanche soir pour me répondre (si je n'ai pas de leurs nouvelles, le lot sera attribué à un autre participant).
Un petit mot ici une fois que vous aurez reçu votre lot pour me dire que tout a bien fonctionné est le bienvenu^^.

jeudi 22 mars 2012

La saga des ombres 3 : Les marionnettes de l’ombre de Orson Scott Card


La voilà enfin ! Après les chroniques des tomes 1 (par ici) et 2 (par là) de cette saga de SF parallèle à la saga d’Ender, je vous propose maintenant ma critique du troisième et avant-dernier volet.




Éditeurs : L'Atalante et J'ai Lu
Quatrième de couverture :
 Peter Wiggins, actuel chef du gouvernement de la Terre, commet une terrible erreur en autorisant le sauvetage de son ennemi juré, Achille, jusqu'alors retenu dans une prison chinoise. Peter est maintenant en danger, il doit quitter la planète. Au bout du voyage l'attend une surprise non moins effrayante : l'école de guerre démantelée sert aujourd'hui de base à des comploteurs de toute sorte. Pendant ce temps, Bean doit faire face à la dégradation de son corps. Fruit de manipulations génétiques, il sait qu'il n'en a plus pour longtemps à vivre. Secondé par sa femme Petra, il recherche l'homme qui a modifié ses gènes. Peut-être ce dernier pourra-t-il épargner à l'enfant qu'ils attendent le triste destin que son père...








Ma rencontre avec le livre :

Ce troisième tome m’a été offert avec les deux précédents par des amis pour mon anniversaire, sorte de clin d’œil au fait que c’est moi qui leur ai fait découvrir la saga d’Ender qui a inspiré la saga des ombres.


Ma lecture du livre :

De la politique et encore de la politique et un peu de développement des personnages. Voilà comment résumer ce troisième tome qui me laisse un arrière-goût mitigé. Je vais être claire : ceux qui ne sont pas fans de l’univers d’Ender et qui ont des poussés de boutons devant les sujets politiques, passez votre chemin, ce livre risque fort de vous rebuter encore plus que le tome 2.

En ce qui me concerne, la politique (et la SF d’anticipation politique) j’aime bien ça. Donc cet aspect du roman ne m’a pas déplu. Même si, je l’avoue, sur la fin je passais un peu vite sur les considération géopolitiques concernant le Proche-Orient (la théorie de Card est peu convaincante sur ces régions et n’a pas arrêté mon intérêt). En effet, là où j’avais été surpris par le tome dans son choix de se focaliser sur la Chine, la Russie et l’Amérique latine (au détriment des USA qui ne jouaient aucun rôle) et donc d’abandonner l’américanocentrisme trop courant habituellement, ici Card « régresse ». Les États-Unis ne se retrouvent pas au centre de l’intrigue, mais c’est par sa présentation du monde arabe que Card déçoit (pour ne citer qu’un exemple, les allusions qu’il fait à la question Palestine-Israël).


Heureusement, les enjeux politiques sont compensés par la quête personnelle de Bean, une quête du sens à donner à sa vie condamnée d’avance par les mutations génétiques dont il a été l’objet avant sa naissance. Ce personnage principal me plaît beaucoup : à cause de ses modifications, il doute de son humanité, apparaît vulnérable et en proie au regret ce qui le rend justement profondément humain aux yeux du lecteur, malgré son intelligence exceptionnelle. Les réponses qu’il trouve dans sa quête personnelle aux côtés de Petra peuvent apparaître gentillettes, naïves ou être encore vue comme une applications des principes bien-pensants de la foi de l’auteur. Mais n’empêche que cela fonctionne, les doutes du personnage nous parlent.
Le personnage de Peter évolue également au cours de ce roman mais la relation qu’il entretient avec ses parents m’a paru peu convaincante. Trop simple et trop convenue.


Quant est-il enfin de la progression de l’intrigue à l’échelle de la saga ? L’histoire avance, indéniablement. On en est au troisième tome sur quatre et pourtant l’auteur décide de clore dès ce moment maintenant certaines intrigues qui sont la base de la saga depuis le tome 1 (je ne dirai pas lesquelles pour ne pas vous spoiler). Par conséquent, on se demande ce que va contenir le dernier tome : bien sûr, on sait qu’il reste bien une chose à faire à Bean avant d’affronter son triste destin lié aux modifications de ses gênes. Cependant, étant donné la chute du tome 3, on a l’impression qu’il va manquer quelque chose pour structurer le schéma narratif du dernier tome. Mais, je fais confiance aux talents de conteur de Card. Car, en effet, si le contenu du roman n’est pas sensationnel, l’auteur est toujours aussi doué pour présenter les choses. Le style est agréable, les articulations entre les événements et les points de vue fonctionnent et on prend plaisir à avancer dans le roman. Simplement, l’histoire n’est pas aussi intéressante que ce que Card a pu nous proposer par le passé.


Bilan de cette lecture : comme toujours avec Card, ça se lit sans problème. Style agréable, personnages intéressants mais une histoire un peu creuse. Beaucoup de politique, pas toujours convaincante Espérons que la conclusion de la saga sera à la hauteur (le potentiel offert par le « tragique » du destin de Bean étant à la fois un atout pour les ressorts qu’il propose mais aussi un inconvénient car le risque de tomber dans le drame larmoyant existe toujours). Je suis impatient de lire la suite !

7 / 10
CITRIQ

mercredi 14 mars 2012

La saga des ombres 2 : l’ombre de l’hégémon de Orson Scott Card

Toujours dans la perspective de la chronique à venir du tome 3 de cette saga de SF, je vous propose aujourd’hui une critique de son second volet. Pour ceux qui auraient raté ma lecture du premier tome (et surtout la présentation générale du cycle dans lequel tout cela s’inscrit, direction ici).
  
 

Quatrième de couverture
Après la victoire qui couronne La stratégie Ender comme La stratégie de l'ombre, les petits génies de l'Ecole de guerre sont devenus des héros. Alors qu'Ender a pris la route d'une lointaine planète, Bean et les autres sont renvoyés chez eux, où ils doivent reprendre une existence qu'ils ont quittée dix ans plus tôt. Pourtant, quelqu'un s'inquiète de leur sécurité : Peter Wiggin, le frère d'Ender, a le pressentiment que tous courent un grand danger. Un à un, les compagnons d'Ender disparaissent, tués ou kidnappés. Seul Bean parvient à en réchapper et à identifier la menace surgie de son passé qui pèse, il le sait, sur l'humanité tout entière. Alors même qu'il sort de l'ombre d'Ender, Bean va devoir se plonger dans celle, bien plus dangereuse, de l'Hégémon...









Ma rencontre avec le livre :

Comme le premier tome, il s’agit d’un pack cadeau d’amis à qui j’ai fait découvrir cet auteur et qui me l’ont rendu en m’offrant pour mon anniversaire l’intégral de cette saga.


Ma lecture du livre :

Mais où sommes-nous ? C’est la question qu’on se pose en lisant ce livre ! Non, on n’est pas sur une planète lointaine et inconnue suscitant l’interrogation. Bien au contraire, nous sommes sur terre, plongés au milieu d’un conflit planétaire propice aux considérations militaires et géopolitiques pas si éloignées de notre actualité.

Pourquoi cette question alors ? Tout simplement parce qu’on est très loin de ce à quoi nous avait habitué l’auteur dans son cycle d’Ender. Finis les séjours dans l’espace, la colonisation de planètes lointaines et la découverte de races extraterrestres. Ici, c’est de la pure SF d’anticipation politique que nous propose Card. Bean, le héros du premier volet, est en effet de retour sur terre après la guerre spatiale. Il se retrouve alors mêlé malgré lui aux conflits terrestres qui vont le conduire à retrouver son ennemi Achille, couplant ainsi enjeux géopolitiques globaux et rivalités personnelles.

Faut-il pour autant bouder son plaisir sous prétexte de ne pas avoir là un Stratégie Ender bis ? Cela serait mal venu puisque les reproches qui avaient été faits au premier tome de la série étaient justement de ne pas assez innover, de proposer du réchauffé (qui était très bon et très agréable par ailleurs). Donc, non : les nouvelles orientations de l’auteur, les nouvelles perspectives suivies ne m’ont pas dérangées, au contraire. J’admets cependant que beaucoup de lecteurs risquent d’être rebutés par les considérations géopolitiques et militaires. Mais, étant par ailleurs un amateur d’Histoire, ces aspects m’intéressent beaucoup (on a en effet l’impression d’assister à une immense partie de Risk).

Là où le bas blesse en revanche, c’est que la géopolitique d’Orson Scott Card ne tient pas la route. La situation est selon moi trop peu nuancée et on se retrouve avec le cliché des blocs soviétiques et chinois dans le rôle des méchants (certes manipulés par Achille, l’ennemi de Bean mais tout de même du mauvais côté). En revanche, on peut souligner que les Etats-Unis ne sont pas pour une fois au centre du camp des « gentils ». En effet, dans l’équilibre international dessiné par Card, la superpuissance américaine n’est plus ce qu’elle était. Un bon point pour lui donc sur cette innovation. Faut-il alors condamner le livre pour ces manquements d’analyses ? Certains critiques ne le lui pardonnent effectivement pas. Dans mon cas, j’aimerai rappeler que nous sommes là dans un roman de fiction et de loisirs et que ces événements constituent avant tout le cadre dans lequel l’auteur développe son personnage principal : Bean.

Qu’en est-il dès lors de l’évolution de ce héros ? J’ai beaucoup apprécié la relation que celui-ci développe avec la religieuse Carlotta qui l’élève (Bean est en effet toujours un enfant). On peut reprocher à l’auteur  de mettre dans la bouche de la femme une apologie de la foi (qui est en fait celle de l’auteur : il est mormon) mais à nouveau, je ne condamnerai pas le livre pour cela contrairement à d’autres critiques. L’auteur a le droit d’avoir ses convictions et surtout d’un point de vue narratif, cela colle parfaitement au personnage de Sœur Carlotta et offre au lecteur de croustillants dialogues entre la foi sans faille de la femme et le scepticisme de Bean. Les perspectives sur l'avenir de Bean (encore lointain ici) liées aux modifications génétiques dont il a été l'objet avant sa naissance et à leurs conséquences laissent également suggérer une évolution intéressante du personnage par la suite. Mais je n'en dit pas plus, ce serait du spoiler !

Des défauts, donc, sur le fond mais que je pardonne sans trop de difficultés devant le talent de narrateur de Card. En effet, si l’histoire et l’univers sont loin de ce dont on avait l’habitude, la plume de l’auteur est bien là ! Le style est fluide, limpide malgré les considérations géopolitiques, et les personnages sont intéressants. Seul défaut, on a l’impression que finalement il ne se passe pas grand chose dans ce tome d’un point de vue péripétie (mis à part un ou deux événements que je tairai). Mais le traitement des personnages compense ce léger manque d'action.


Que retenir de ce deuxième volume : l’auteur remplit le contrat de nous proposer quelque chose de neuf. Cela ne plaira pas à tout le monde et on peut pinailler sur le fond géopolitique et religieux mais les personnages et le style ont suffit à me convaincre de lire le tome 3. Du moins, après avoir fini le livre, je me suis dit "vivement que le tome 3 se trouve en haut de ma PAL !". Ce n’est pas le cas de tout le monde comme en témoigne les critiques que j’ai pues entendre. A vous, donc, de le lire et de vous faire votre avis !

Note : 7,5 / 10


CITRIQ

jeudi 8 mars 2012

La saga des Ombres 1 : la Stratégie de l’Ombre de Orson Scott Card


Aujourd’hui, chronique d’une lecture assez ancienne remontant à 2010. Pourquoi un tel retour dans le temps ? Tout simplement parce qu’étant en train de lire le tome 3 de cette saga de science-fiction (et comptant faire une chronique à son sujet), il me faut avant toute chose vous parler des volets précédents !
 

Éditeurs: L’Atalante et J'ai Lu
Quatrième de couverture
Pour Bean, l'existence se résume à un seul mot : survivre. Sa fuite, à l'âge d'un an, de la clinique clandestine où il a été conçu artificiellement le conduit droit dans l'enfer des bas quartiers de Rotterdam, où la violence, la drogue et la prostitution deviennent son quotidien. Grâce à son incroyable intelligence, il s'attire cependant l'attention des pontes de la flotte intergalactique, qui voient en lui un nouvel Ender Wiggin. Ender Wiggin, le légendaire surdoué chargé d'orchestrer la contre-attaque contre les formiques. Ender Wiggin, le dernier espoir de l'humanité. Enfin, jusqu'à maintenant, car Bean n'a pas choisi d'intégrer l'école de guerre pour faire de la figuration.








Ma rencontre avec le livre :

            L’ensemble de la série m’a été offert par des amis pour mon anniversaire. Ce n’était en revanche pas un cadeau tombé du ciel puisqu’il s’agissait là d’un clin d’œil au fait que j’avais fait découvrir aux membres de cette bande une autre série de cet auteur : la Saga d’Ender. Une amie avait par la suite découvert cette série de la saga des ombres et a décidé de m’en faire profiter.

Présentation du Cycle d’Ender :

La Stratégie Ender (1985)
            Le clin d’œil est d’autant plus intéressant quand on sait que la Saga d’Ender et la Saga des ombres sont étroitement liées et forment un cycle unique présentant deux facettes d’une même histoire. En effet, Orson Scott Card publie dans les années 80 La stratégie Ender. Au départ livre unique, ce roman connaît un très grand succès amplement mérité. Nous y suivons la formation d’Ender Wiggin, arraché à sa famille et envoyé dans l’espace, dans une école militaire afin d’être formé pour affronter une mystérieuse race extraterrestre menaçant l’humanité. Il y côtoie d’autres surdoués suivant la même formation visant à faire d’eux des machines à tuer. Pitch peu original si on oublie de préciser qu’Ender et ses acolytes sont des enfants de moins de 10 ans ! Il ne s’agit pas ici de faire la chronique de la Stratégie Ender mais je ne peux m’empêcher de souligner l’originalité de ce roman surprenant et son traitement du parcours de ces enfants-soldats.

            Face au succès du roman, l’auteur décide quelques années plus tard de lui donner une suite qui n’en est pas tout à fait une : l’histoire des tomes 3 à 4 de la Saga d’Ender reprend en effet le personnage d’Ender après la fin de la Stratégie Ender mais dans une approche radicalement différente. Sans révéler la fin du premier roman, disons simplement que les actes d’Ender à la fin de la Stratégie l’entraînent dans une quête de rédemption et surtout de sens à donner à ses actes. A un premier volume tourné vers l’action et la psychologie des personnages succèdent donc trois romans plus philosophiques mais néanmoins passionnants (en particulier le tome 2, La Voix des Morts).

            Quel rapport avec la Saga des ombres ? Les deux sagas forment en fait un seul cycle nommé le Cycle d'Ender. Pourquoi ? Je vais vous l’expliquer !


Ma lecture du livre :

            La Saga des Ombres prend le parti de nous narrer l’histoire de Bean, un personnage secondaire (à première vue) de la Stratégie Ender. Bean est un des camarades d’Ender à l’école militaire et est lui aussi doté de capacités intellectuelles exceptionnelles.

            Le premier volume de cette saga, La Stratégie de l’Ombre, propose donc au lecteur de découvrir l’histoire de la Stratégie Ender du point de vue de Bean. On revit ainsi certains épisodes connus du premier cycle en les découvrant sous un jour différent.

            Faut-il alors avoir au préalable lu la saga d’Ender pour apprécier et comprendre la saga des Ombres ? Je pense que ce n’est pas obligatoire mais cela peut permettre de mieux apprécier ce roman et le développement qui y est proposé de certains personnages aperçus dans la Stratégie Ender. Mon conseil est donc, dans la mesure du possible de lire la Stratégie Ender avant d’entamer cette saga (aussi tout simplement parce qu’il s’agit d’un excellent livre qui mérite d'être lu pour lui même !). Le reste de la saga d’Ender est relativement indépendant et il n’est donc pas nécessaire de l’avoir lu intégralement pour se lancer dans la Saga des Ombres.

            S’agit-il dès lors d’un simple copier-coller de la Stratégie Ender où l’auteur n’aurait fait que changer le nom du personnage principal ? Ma réponse est très clairement non. En effet, si une partie du roman consiste bien à nous présenter les aventures d’Ender d’un autre point de vue, le personnage de Bean est un personnage à part entière : on découvre son enfance dans les bas-fonds d’une Europe ravagée, on est intrigué par les mystères liés à sa génétique particulière et, surtout, son histoire suit ses propres enjeux liés à sa confrontation avec Achille, un autre enfant des bas-fond ayant rejoint l’école de guerre et vouant à Bean une haine mortelle pour des raisons que je n’évoquerai pas.

            On pourrait être tenté de penser qu’Orson Scott Card a, avec ce roman, choisi la facilité afin de renouer avec le succès d'antan de la Stratégie Ender. On ne peut nier les points communs entre les deux romans. Mais, pourquoi en faire un aspect négatif ? On prend sincèrement plaisir à retrouver Ender, Petra et les autres élèves de l’école de guerre et à nous replonger dans la formation perverse dont ils font les frais. Le style de l’auteur est toujours aussi agréable et la psychologie des personnages est présentée avec soin.

            On devient certain de ne pas être dans du simple « réchauffage » lorsqu’on arrive à la fin du roman et qu’on comprend où nous conduira la suite de la saga (le lecteur de la Stratégie Ender s’en sera bien sûr douté avant) : les chemins d’Ender et de Bean se sépare. Tandis qu’Ender continue sa route et entame sa quête de sens, Bean poursuit son propre chemin. Mais ceci n’est pas l’objet de cette chronique, puisque cela concerne le second tome !         


         Quel bilan pour cette lecture ? Un roman agréable - que ce soit pour le nouveau venu dans le monde d’Ender ou pour le vétéran. On prend réellement plaisir à se replonger dans cet univers et à explorer la psychologie des personnages en présence. Ces éléments psychologiques sont d’ailleurs au cœur de l’intérêt de l’œuvre et tiendront une place encore plus grande dans les volets suivants. Seul bémol, l’impression que ce roman n’est finalement qu’une mise en bouche, sorte d’introduction, avant le début de la véritable histoire qui commence dans le tome 2. Rendez-vous dans la prochaine chronique pour savoir ce qu’il en est de la suite !
8,5 / 10


CITRIQ
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