jeudi 22 mars 2012

La saga des ombres 3 : Les marionnettes de l’ombre de Orson Scott Card


La voilà enfin ! Après les chroniques des tomes 1 (par ici) et 2 (par là) de cette saga de SF parallèle à la saga d’Ender, je vous propose maintenant ma critique du troisième et avant-dernier volet.




Éditeurs : L'Atalante et J'ai Lu
Quatrième de couverture :
 Peter Wiggins, actuel chef du gouvernement de la Terre, commet une terrible erreur en autorisant le sauvetage de son ennemi juré, Achille, jusqu'alors retenu dans une prison chinoise. Peter est maintenant en danger, il doit quitter la planète. Au bout du voyage l'attend une surprise non moins effrayante : l'école de guerre démantelée sert aujourd'hui de base à des comploteurs de toute sorte. Pendant ce temps, Bean doit faire face à la dégradation de son corps. Fruit de manipulations génétiques, il sait qu'il n'en a plus pour longtemps à vivre. Secondé par sa femme Petra, il recherche l'homme qui a modifié ses gènes. Peut-être ce dernier pourra-t-il épargner à l'enfant qu'ils attendent le triste destin que son père...








Ma rencontre avec le livre :

Ce troisième tome m’a été offert avec les deux précédents par des amis pour mon anniversaire, sorte de clin d’œil au fait que c’est moi qui leur ai fait découvrir la saga d’Ender qui a inspiré la saga des ombres.


Ma lecture du livre :

De la politique et encore de la politique et un peu de développement des personnages. Voilà comment résumer ce troisième tome qui me laisse un arrière-goût mitigé. Je vais être claire : ceux qui ne sont pas fans de l’univers d’Ender et qui ont des poussés de boutons devant les sujets politiques, passez votre chemin, ce livre risque fort de vous rebuter encore plus que le tome 2.

En ce qui me concerne, la politique (et la SF d’anticipation politique) j’aime bien ça. Donc cet aspect du roman ne m’a pas déplu. Même si, je l’avoue, sur la fin je passais un peu vite sur les considération géopolitiques concernant le Proche-Orient (la théorie de Card est peu convaincante sur ces régions et n’a pas arrêté mon intérêt). En effet, là où j’avais été surpris par le tome dans son choix de se focaliser sur la Chine, la Russie et l’Amérique latine (au détriment des USA qui ne jouaient aucun rôle) et donc d’abandonner l’américanocentrisme trop courant habituellement, ici Card « régresse ». Les États-Unis ne se retrouvent pas au centre de l’intrigue, mais c’est par sa présentation du monde arabe que Card déçoit (pour ne citer qu’un exemple, les allusions qu’il fait à la question Palestine-Israël).


Heureusement, les enjeux politiques sont compensés par la quête personnelle de Bean, une quête du sens à donner à sa vie condamnée d’avance par les mutations génétiques dont il a été l’objet avant sa naissance. Ce personnage principal me plaît beaucoup : à cause de ses modifications, il doute de son humanité, apparaît vulnérable et en proie au regret ce qui le rend justement profondément humain aux yeux du lecteur, malgré son intelligence exceptionnelle. Les réponses qu’il trouve dans sa quête personnelle aux côtés de Petra peuvent apparaître gentillettes, naïves ou être encore vue comme une applications des principes bien-pensants de la foi de l’auteur. Mais n’empêche que cela fonctionne, les doutes du personnage nous parlent.
Le personnage de Peter évolue également au cours de ce roman mais la relation qu’il entretient avec ses parents m’a paru peu convaincante. Trop simple et trop convenue.


Quant est-il enfin de la progression de l’intrigue à l’échelle de la saga ? L’histoire avance, indéniablement. On en est au troisième tome sur quatre et pourtant l’auteur décide de clore dès ce moment maintenant certaines intrigues qui sont la base de la saga depuis le tome 1 (je ne dirai pas lesquelles pour ne pas vous spoiler). Par conséquent, on se demande ce que va contenir le dernier tome : bien sûr, on sait qu’il reste bien une chose à faire à Bean avant d’affronter son triste destin lié aux modifications de ses gênes. Cependant, étant donné la chute du tome 3, on a l’impression qu’il va manquer quelque chose pour structurer le schéma narratif du dernier tome. Mais, je fais confiance aux talents de conteur de Card. Car, en effet, si le contenu du roman n’est pas sensationnel, l’auteur est toujours aussi doué pour présenter les choses. Le style est agréable, les articulations entre les événements et les points de vue fonctionnent et on prend plaisir à avancer dans le roman. Simplement, l’histoire n’est pas aussi intéressante que ce que Card a pu nous proposer par le passé.


Bilan de cette lecture : comme toujours avec Card, ça se lit sans problème. Style agréable, personnages intéressants mais une histoire un peu creuse. Beaucoup de politique, pas toujours convaincante Espérons que la conclusion de la saga sera à la hauteur (le potentiel offert par le « tragique » du destin de Bean étant à la fois un atout pour les ressorts qu’il propose mais aussi un inconvénient car le risque de tomber dans le drame larmoyant existe toujours). Je suis impatient de lire la suite !

7 / 10
CITRIQ

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