La voilà enfin ! Après les chroniques des tomes 1 (par ici) et 2 (par là) de cette saga de SF parallèle à la saga d’Ender, je vous
propose maintenant ma critique du troisième et avant-dernier volet.
Éditeurs : L'Atalante et J'ai Lu
Quatrième de couverture :
Peter Wiggins, actuel chef du gouvernement de la Terre, commet une
terrible erreur en autorisant le sauvetage de son ennemi juré, Achille,
jusqu'alors retenu dans une prison chinoise. Peter est maintenant en
danger, il doit quitter la planète. Au bout du voyage l'attend une
surprise non moins effrayante : l'école de guerre démantelée sert
aujourd'hui de base à des comploteurs de toute sorte. Pendant ce temps,
Bean doit faire face à la dégradation de son corps. Fruit de
manipulations génétiques, il sait qu'il n'en a plus pour longtemps à
vivre. Secondé par sa femme Petra, il recherche l'homme qui a modifié
ses gènes. Peut-être ce dernier pourra-t-il épargner à l'enfant qu'ils
attendent le triste destin que son père...
Ma rencontre avec le livre :
Ce troisième tome m’a été offert avec les deux précédents
par des amis pour mon anniversaire, sorte de clin d’œil au fait que c’est moi
qui leur ai fait découvrir la saga d’Ender qui a inspiré la saga des ombres.
Ma lecture du livre :
De la politique et encore de la politique et un peu de
développement des personnages. Voilà comment résumer ce troisième tome qui me
laisse un arrière-goût mitigé. Je vais être claire : ceux qui ne sont pas
fans de l’univers d’Ender et qui ont des poussés de boutons devant les sujets
politiques, passez votre chemin, ce livre risque fort de vous rebuter encore
plus que le tome 2.
En ce qui me concerne, la politique (et la SF d’anticipation
politique) j’aime bien ça. Donc cet aspect du roman ne m’a pas déplu. Même si,
je l’avoue, sur la fin je passais un peu vite sur les considération
géopolitiques concernant le Proche-Orient (la théorie de Card est peu
convaincante sur ces régions et n’a pas arrêté mon intérêt). En effet, là où j’avais
été surpris par le tome dans son choix de se focaliser sur la Chine, la Russie
et l’Amérique latine (au détriment des USA qui ne jouaient aucun rôle) et donc
d’abandonner l’américanocentrisme trop courant habituellement, ici Card
« régresse ». Les États-Unis ne se retrouvent pas au centre de
l’intrigue, mais c’est par sa présentation du monde arabe que Card déçoit (pour
ne citer qu’un exemple, les allusions qu’il fait à la question
Palestine-Israël).
Heureusement, les enjeux politiques sont compensés par la
quête personnelle de Bean, une quête du sens à donner à sa vie condamnée
d’avance par les mutations génétiques dont il a été l’objet avant sa naissance.
Ce personnage principal me plaît beaucoup : à cause de ses modifications,
il doute de son humanité, apparaît vulnérable et en proie au regret ce qui le
rend justement profondément humain aux yeux du lecteur, malgré son intelligence
exceptionnelle. Les réponses qu’il trouve dans sa quête personnelle aux côtés
de Petra peuvent apparaître gentillettes, naïves ou être encore vue comme une
applications des principes bien-pensants de la foi de l’auteur. Mais n’empêche
que cela fonctionne, les doutes du personnage nous parlent.
Le personnage de Peter évolue également au cours de ce roman
mais la relation qu’il entretient avec ses parents m’a paru peu convaincante.
Trop simple et trop convenue.
Quant est-il enfin de la progression de l’intrigue à
l’échelle de la saga ? L’histoire avance, indéniablement. On en est au
troisième tome sur quatre et pourtant l’auteur décide de clore dès ce moment
maintenant certaines intrigues qui sont la base de la saga depuis le tome 1 (je
ne dirai pas lesquelles pour ne pas vous spoiler). Par conséquent, on se
demande ce que va contenir le dernier tome : bien sûr, on sait qu’il reste
bien une chose à faire à Bean avant d’affronter son triste destin lié aux
modifications de ses gênes. Cependant, étant donné la chute du tome 3, on a
l’impression qu’il va manquer quelque chose pour structurer le schéma narratif
du dernier tome. Mais, je fais confiance aux talents de conteur de Card. Car,
en effet, si le contenu du roman n’est pas sensationnel, l’auteur est toujours
aussi doué pour présenter les choses. Le style est agréable, les articulations
entre les événements et les points de vue fonctionnent et on prend plaisir à
avancer dans le roman. Simplement, l’histoire n’est pas aussi intéressante que
ce que Card a pu nous proposer par le passé.
Bilan de cette lecture : comme toujours avec Card, ça
se lit sans problème. Style agréable, personnages intéressants mais une
histoire un peu creuse. Beaucoup de politique, pas toujours convaincante
Espérons que la conclusion de la saga sera à la hauteur (le potentiel offert
par le « tragique » du destin de Bean étant à la fois un atout pour
les ressorts qu’il propose mais aussi un inconvénient car le risque de tomber
dans le drame larmoyant existe toujours). Je suis impatient de lire la suite !
7 / 10
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