Affichage des articles dont le libellé est Gallimard Jeunesse. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Gallimard Jeunesse. Afficher tous les articles

mardi 27 août 2013

Animale : La malédiction de Boucle d'Or de Victor Dixen



Animale : La malédiction de Boucle d'Or
Victor Dixen
Gallimard Jeunesse / 437 pages


Quatrième de couverture
Et si le conte le plus innocent dissimulait l'histoire d'amour la plus terrifiante ?
1832. Blonde, dix-sept ans, orpheline, vit depuis toujours dans un couvent, entourée de mystères. Pourquoi les soeurs l'obligent-elles à couvrir ses cheveux d'or et à cacher sa beauté troublante derrière des lunettes noires ? Qui sont ses parents et que leur est-il arrivé ? Quelle est la cause de ses évanouissements fréquents ?
Blonde est différente et rêve de se mettre en quête de vérité. Alors qu'elle s'enfuit du couvent pour remonter le fil du passé, elle se découvre un côté obscure, une part animale : il y a au coeur de son histoire un terrible secret.








Ma rencontre avec le livre

C'est en tant que membre de la promo 2013 des chroniqueurs On lit plus fort que j'ai eu le plaisir de voir ce livre arriver dans ma boîte aux lettres. Plaisir d'autant plus grand que j'ai entendu beaucoup de bien des précédents romans de Victor Dixen (Le cas Jack Spark) mais sans avoir eu l'occasion de les lire. La réputation de cet auteur se vérifie-t-elle ici ?

Ma lecture du livre

Dans Animale – La malédiction de Boucle d'Or, Victor Dixen nous propose une réécriture du célèbre conte de Boucle d'Or et les Trois Ours. En effet, à travers l'histoire de Blonde, une jeune orpheline élevée dans un couvent, l'auteur nous embarque dans une aventure qui n'est pas sans rappeler celle de la jeune fille blonde s'endormant malencontreusement dans une maison peuplée d'ours... Mais, je dis bien réécriture et pas simplement nouveau récit de la célèbre histoire des frères Grimm.

Réécriture, tout d'abord, par le cadre choisi pour cette nouvelle version. L'histoire prend en effet place dans la Lorraine de la première moitié du XIXe siècle. Là où les contes sont habituellement assez vagues en ce qui concerne le cadre spatio-temporel, Victor Dixen s'appuie au contraire sur un background historique bien documenté et bien utilisé. Cet ancrage historique constitue, à mes yeux, un des points forts du roman même si, au final, cela n'a pas forcément un impact crucial sur le cœur du récit.

Réécriture, ensuite, car l'auteur s'éloigne de la forme même du conte. Animale n'adopte ainsi pas la forme d'une histoire narrée chronologiquement par un narrateur extérieur. Bien au contraire, au fil des pages, Victor Dixen joue des différentes formes narratives à sa disposition : récit traditionnel, lettres, rapport d'enquête, entretien de police, journal intime... Cela apporte une véritable variété au roman et permet de sans cesse renouveler l'attention du lecteur. Cependant, on touche là également à un des défaut du livre. En effet, j'ai parfois eu une impression de longueur et de redite entre les différentes formes de narration. Certaines informations étaient simplement reformulées d'une nouvelle manière sans que cela n'apporte de réel intérêt.

Réécriture, enfin, par la complexité et l’ampleur nouvelle donnée à l'histoire de Boucle d'Or. En effet, en plus de jouer sur les formes de récits, Victoire Dixen les enchâsse et nous raconte non pas une mais deux histoires (qui sont bien évidemment liées). A nouveau, ce procédé permet de renouveler l'intérêt du lecteur en variant les lieux et les époques évoqués. Mais surtout, cela permet aussi de changer de personnages. Car, en effet, j'ai par moment eu un peu de mal avec l'héroïne, Blonde, en particulier lorsqu'il est question de l'histoire d'amour cousue de fil blanc qu'on sent poindre dès les premières pages.

Pour finir, un petit mot sur le style de Victor Dixen. Là, je n'ai rien à redire et je peux même souligner le fait que j'ai vraiment apprécié la plume de cet auteur. Son écriture est recherchée et nous rappelle qu'il existe de la littérature jeunesse qui ne prend pas son lectorat pour une bande d'illettrés : vocabulaire riche, construction de vraies phrases... On peut en particulier noter le soin accordé au prologue et à certains chapitres de la fin du livre, dont la focalisation particulière du narrateur influe sur le style même d'écriture. Finalement, on en est presque déçu au sens où cette maîtrise du style illustre le potentiel de l'auteur, mais potentiel qui n'est pas mis au service d'une histoire qui en est à la hauteur. En effet, arrivé à la fin du roman, c'est avec une pointe de déception qu'on constate que l'histoire n'a jamais vraiment décollé. Si elle se suit sans problème, on se rend compte qu'il s'agit là d'une x-ième varitation sur le thème des transformations homme-animal en replaçant le loup actuellement à la mode par l'ours. Les péripéties ne sont pas forcément très innovantes en ce qui concerne le parcours de Blonde. Ainsi, au final, c'est plus l'histoire dans l'histoire (c'est à dire celle que découvre elle-même Blonde au fil du livre) qui m'a intéressé que les pérégrinations de ladite héroïne.


En résumé : un roman qui confirme ce que j'ai entendu sur la plume de Victor Dixen. Un réel travail sur le style, l'univers et le texte mais au service d'une histoire qui, si elle se suit sans difficulté, n'est finalement pas toujours à la hauteur des précédentes qualités. Il n'en demeure pas moins qu'Animale est un roman jeunesse de qualité qui rappelle que roman jeunesse ne signifie pas simplicité.

7/10

jeudi 18 avril 2013

Les Chemins de poussière 1 : Saba, Ange de la mort de Moira Young




Les Chemins de poussière 1 : Saba, Ange de la mort
Moira Young
Editions Gallimard Jeunesse
420 pages

 
Quatrième de couverture
Saba vit dans un monde régi par aucune loi. Quand son frère jumeau est enlevé, elle n’hésite pas à se lancer seule à la poursuite des ravisseurs. Dans une quête peuplée de créatures féroces, Saba va devoir se transformer en une impitoyable guerrière pour survivre… Mais elle va également devoir apprendre à ouvrir son cœur.










Ma rencontre avec le livre

J’ai repéré ce livre dès sa sortie en grand format l’an dernier : le résumé et le style des extraits que j’avais pu lire n’avaient pas manqué de me faire penser à la trilogie Le chaos en marche de Patrick Ness (sans doute un de mes auteurs préférés). A l’occasion de la sortie du tome 2 en grand format et du tome 1 en poche en février, j’ai donc saisi l’opportunité que m’offrait Gallimard Jeunesse d’enfin pouvoir le lire : merci pour cette belle découverte !


Ma lecture du livre

 Saba, Ange de la mort est le premier volet d’une trilogie dystopique YA (Young Adult) qui n’est pas sans rappeler Hunger Games ou Le chaos en marche. En effet, la recette est plus ou moins un mélange de ces deux romans : une héroïne au caractère bien trempé et anti-conformiste à la Katniss d’Hunger Games, une terre ravagée (par on ne sait trop quelle catastrophe) mais surtout une langue âpre nous faisant directement entendre la voix de Saba qui n’est pas sans rappeler le Bruit de Tood dans Le chaos en marche.

En reprenant ces bons ingrédients, Moira Young peut difficilement faire quelque chose de mauvais. Mais parvient-elle à se distinguer de ces autres romans ? La réponse est oui, sans aucun doute. L’auteur parvient, malgré ces similitudes, à nous offrir un livre disposant de son atmosphère propre et qui réussit sans difficulté à se hisser au niveau de ces grands succès dystopiques du moment.

L’univers peut apparaître, à première vue, un peu vide. Mais, il se révèle peu à peu au lecteur au fur et à mesure que Saba découvre elle-même ce monde ravagé, dur et violent où ne subsistent que des vestiges de ce qui peut avoir été notre civilisation (appelée ici « Les Destructeurs »). L’auteur laisse échapper ça et là des éléments qui ne manqueront sans doute pas d’être développées dans les tomes suivant car on sent dès ce premier livre qu’il s’agit d’éléments clés.

Vivant loin de tout avec son père, son frère et sa sœur, Saba se retrouve forcée après l’enlèvement de son frère de quitter le foyer familial. On la suit alors dans un périple où s’enchaînent les rebondissements, en particulier dans la première partie du roman. La seconde moitié est en effet plus posée, offrant moins de surprises mais reste intéressante à lire. L’intrigue n’est finalement pas révolutionnaire (plus ou moins une quête pour retrouver un être cher) mais ce sont les personnages et le traitement qui font la force du livre.

Commençons par les personnages. L’héroïne, Saba, n’est pas sans rappeler une certaine Katniss comme nous l’avons dit : une jeune femme combative au caractère bien trempé. Mais la comparaison s’arrête là. Là où Katniss apparaît comme la fille forte, dévouée…etc, Saba apparaît plus humaine. D’emblée, on constate qu’elle est pleine de faiblesses et son mauvais caractère, son irritabilité et son attitude agressive vis à vis des personnages qui l’entourent (en particulier sa sœur) en font, selon moi, un personnage bien plus complexe.

 
Le roman met en scène d’autres personnages que j’ai tous trouvés très bien conçus et intéressants à rencontrer. Ils ne sont pas très nombreux mais sont très variés, que ce soit du côté des méchants (assez originaux) que des alliés de l’héroïne. Et puisqu’on parle des alliés, on ne peut pas ne pas évoquer l’immanquable histoire d’amour qui traverse la seconde moitié du roman. Jouer sur la fibre romantique est à la mode en ce moment (cf. le triangle amoureux qui finalement est au cœur de toute l’intrigue d’Hunger Games). On n’y échappe pas ici. Mais, heureusement, Moira Young n’en fait pas le pilier de son intrigue. Bien sûr la relation assez complexe de Saba avec un certain personnage (dont je tais le nom) tient une place importante dans la construction du personnage de Saba mais n’empiète pas sur la quête. De plus, l’auteur ne nous ressert pas l’éternel triangle à la Hunger Games ou à la Twilight et je lui suis très reconnaissant de ne pas céder à ce schéma facile et éculé.



Outre les personnages, c’est le traitement de l’histoire qui donne sa saveur au roman. Moira Young nous propose une narration à la première personne qui donne à entendre la voix de Saba elle-même. Or, à l’image du style de Patrick Ness dans la voix du couteau, l’auteur prend le parti de ne pas faire passer cette voix par le moule de la langue littéraire et du style policé qu’on rencontre habituellement dans les romans. Saba est une jeune fille qui n’est jamais allé à l’école et qui ne sait pas lire. Sa voix s’en ressent : tournures bancales, expressions familières, phrases courtes, ton sec. Moira Young joue donc un jeu assez subtile avec la langue : créer un style qui se caractérise pas l’impression qu’il n’y a justement pas de style et pas de recherche littéraire. Il peut ainsi être assez difficile, au début, d’écouter cette voix, mais, rapidement, on y plonge. Et, lorsque Saba s’arrête finalement de nous parler, on en redemande ! 

Puisque je n’ai eu de cesse de faire des comparaisons tout au long de cette chronique, finissons sur ce point. Si vous avez aimé Hunger Games ou/et Le chaos en marche (qu’il faut absolument lire !), vous devriez apprécier de faire connaissance avec Saba dans Les chemins de poussière. Certes, le Bruit du Chaos en marche reste (dans mes souvenirs) plus percutant et le suspens m’a paru plus maîtrisé dans Hunger Games. Cependant Saba, Ange de la mort, en mélangeant les ingrédients de ces deux précédentes sagas est une œuvre tout autant remplie de qualité et, si elle ne dépasse pas ces « modèles », elle atteint sans peine leur niveau. De plus, avec deux tomes encore à venir, Moira Young dispose d’une bonne marge de manœuvre pour nous surprendre (ce qu’elle ne manquera pas de faire, j’en suis sûr !).


En résumé : un très bon premier roman qui ouvre une trilogie dystopique prometteuse. Un univers qui ne révèle pour le moment que peu de choses sur ce qu’il cache, des personnages variés et intéressants à suivre, une écriture (ou plutôt une voix) percutante qui donne toute son identité à Saba et au livre. Une saga à suivre et une autre preuve que, malgré la déferlante lié au phénomène de mode, le genre dystopique peut offrir de très bon romans.

9/10

Envie de poursuivre la découverte du monde de Saba ? Le site Les chemins de Poussière, premier site francophone sur la saga, est fait pour vous ! Cliquez sur la bannière !
 

lundi 25 mars 2013

Gladiateur 1 : Le combat pour la liberté de Simon Scarrow





Gladiateur 1 : Le combat pour la liberté 
Simon Scarrow
Editions Gallimard Jeunesse
364 pages

Quatrième de couverture
Empire romain, 61 av. J.-C.
Le père de Marcus est un ancien centurion qui a connu son heure de gloire en sauvant la vie du général Pompée, lors de la révolte des esclaves. Le temps a passé et, désormais, la famille mène une vie paisible dans la ferme d'une petite île grecque.
Soudain, tout s'effondre : un créancier fait assassiner son père et réduit en esclavage Marcus et sa mère. Vendu à une école de gladiateurs, le garçon affronte la brutalité de l'entraînement et des instructeurs. Mais Marcus est bien déterminé à survivre pour retrouver Pompée et obtenir justice !







Ma rencontre avec le livre
Vous l’avez compris depuis un moment, je suis plutôt intéressé (doux euphémisme) par l’Antiquité et en particulier par les Romains. En fouinant dans les prochaines sorties chez Gallimard jeunesse, j’ai donc tout de suite repéré cette série historique jeunesse parue fin février dernier. Les éditions Gallimard ont alors accepté de soumettre cette nouvelle parution à un romaniste pur sucre et je les en remercie. Verdict ?


Ma lecture du livre
Disons d’emblée ce qui fâche et faisons-le clairement (tant pis si je passe pour un romaniste tatillon et critique, après tout, c’est pour ça que je suis là) : nous tenons là un roman d’aventure honnête mais un mauvais roman historique. Explications.


Sous ces airs de roman jeunesse invitant à découvrir « l’empire romain comme vous ne l’avez jamais vu », Gladiateur : Le combat pour la liberté tente de se faire passer pour un roman historique, ce qu’il n’est en aucun cas. En effet, si on excepte quelques utilisations de termes latins dans le texte pour faire bonne figure, les gladiateurs ou le personnage de Pompée et de Spartacus, j’ai eu beaucoup de peine à voir les Romains dans ce livre. L’ « atmosphère romaine » que j’ai pu ressentir dans d’autres romans historiques est quasiment absente ici. L’auteur échoue à nous transporter à Rome (et pour cause, puisqu’on y met pas une seule fois les pieds pendant tout le roman).


Mais, plus grave que cette atmosphère peu présente, l’auteur se rend coupable de méconnaissances et d’erreurs grossières en voulant jouer avec une civilisation qu’il ne semble pas connaître si bien que ça. Cela transparaît dans les termes et le vocabulaire utilisé. Il emploie ainsi plusieurs fois le terme de prétorien de façon abusive et semble le confondre avec patricien (qui est lui aussi utilisé assez approximativement). Autre erreur grossière (mais ici, c’est peut-être le traducteur qui est à mettre en cause) : un personnage est originaire de Sparte et est appelé « le Sparte ». Ca ne vous choque peut-être pas mais en réalité, on dit « un Spartiate » (le nom Sparte pour désigner un individu existe mais renvoie à des personnages mythiques liés à la ville de Thèbes). Pour vous donner une idée de comment l’erreur sonne à mon oreille, c’est comme si on disait que les habitants de Rome s’appellent les Romes, ou ceux de Paris les Paris… Dernier exemple de terme utilisé de façon étrange (je me permets de le rajouter car il aura au moins eu le mérite de m’apprendre un nouveau mot) : l’utilisation du nom « cacique » (à nouveau, c’est peut-être lié à la traduction). Jamais entendu ce terme avant (je ne prétends pas connaître tous les mots de la langue française mais, quand même, dans un roman jeunesse, ça fait bizarre) et pour cause puisque, après recherches, j’ai découvert qu’il s’agit d’un terme au sens très précis et renvoyant à un modèle d’organisation politique de certaines tribus amérindiennes. Le terme est même tiré d’une langue amérindienne. Bref, rien à voir avec Rome, anachronique de le mettre dans la bouche d’un Romain (ok, si on devait écrire en respectant totalement la cohérence historique, on écrirait aucun roman historique) mais surtout, franchement, je ne vois pas l’intérêt d’utiliser un terme si compliqué et spécifique pour désigner ce qui finalement est un aristocrate ou un noble (on est d’accord, ces deux termes sont eux aussi connotés historiquement mais au moins ils ont le mérite d’être plus clairs). Bref, je me suis laissé emporté et l’historien a pris le pas sur le lecteur. Tout cela pour dire : si vous cherchez un bon roman historique, préférez plutôt la série Titus Flaminius de Jean-François Nahmias.


Faisons un peu taire l’historien et laissons la parole au lecteur standard qui n’ira pas chercher la petite bête et n’est pas forcément à la recherche d’un roman historique rigoureusement documenté. Pour un tel lecteur, Gladiateur : Le combat pour la liberté n’est pas un mauvais roman. Le livre se lit sans peine. Mis à part certains choix de vocabulaire (comme le cacique), le style est simple mais agréable et le suspens relativement bien tenu. Les retournements de situation sont plus ou moins bien amenés : certains sont des surprises agréables tandis que d’autres sont prévisibles trop longtemps à l’avance (comme la « révélation » finale).


Marcus, le personnage principal, s’avère assez attachant. Mais, j’ai eu léger problème quant à son âge. Dix ans me paraît bien trop jeune pour l’aventure et les actes qu’on lui prête. Je n’arrivais souvent pas à y croire et instinctivement pendant ma lecture j’avais plutôt tendance à visualiser un adolescent de minimum 13-14 ans.


Cette question de l’âge du héros m’amène à parler de l’âge du public visé. En effet, c’est assez surprenant que le roman  est donné « à partir de 10 ans » devant une violence assez explicite qui y est omniprésente. On est très loin de ce que propose le premier Harry Potter de ce côté là pourtant lui aussi destiné à un public à partir de 10 ans (je fais cette comparaison car le journal Telegraph affirme au sujet de Gladiateur : « Quand Poudlard rencontre Rome » ; j’avoue que je cherche encore le pourquoi du comment de la comparaison). Si ce n’est pas déplaisant pour moi d’avoir une vision qui ne soit pas trop édulcorée du monde des gladiateurs, ce point mérite d’être souligné pour mettre en garde les jeunes lecteurs qui pourraient être sensibles. De plus, à nouveau, cela renforce l’impression que le héros est trop jeune.




Finalement, le fait que les perspectives ouvertes pour le tome 2 (à paraître en 2014) me donnent envie de lire la suite me font dire que le livre n’est pas si mauvais que ça. Je l’ai lu relativement facilement et rapidement sans me forcer. La lecture est agréable mais j’ai connu mieux d’un point de vue reconstitution et éléments historiques. On sent que l’auteur n’est pas spécialiste de la période à laquelle il s’attaque et ça ne pardonne pas (pour moi qui suit spécialiste de cette période). Le côté roman d’aventure est néanmoins, lui, assez efficace même si on est parfois gêné par le ciblage assez approximatif du public (décalage entre un héros très jeune et une violence omniprésente).

6/10

mardi 8 mai 2012

Quelques minutes après minuit de Patrick Ness

Chronique un peu longue pour un roman qui est très loin de m’avoir laissé indifférent, bien au contraire (comme en témoigne ladite longueur !) : Quelques minutes après minuit de Patrick Ness.




Quelques minutes après minuit
Patrick Ness
Editions Gallimard Jeunesse
215 pages

Quatrième de couverture
Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris. C'est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.








Ma rencontre avec le livre

Patrick Ness, l’auteur de ce roman, est sans doute la découverte littéraire qui m’aura le plus enthousiasmé au cours de ces deux dernières années. J’ai tout simplement été captivé par sa trilogie de science-fiction Le Chaos en marche et j’attendais donc avec impatience son nouveau roman, tiré d’une idée originale de la défunte Shiobhan Dowd. J’ai eu la chance de pouvoir le découvrir dès sa sortie grâce aux Éditions Gallimard Jeunesse qui m’ont offert la chance de lire dans le cadre d’un partenariat. Merci encore à elles ! Mais ces retrouvailles avec Patrick Ness ont-elles été à la hauteur ?




Ma lecture du livre

C’est là un livre bien loin de ce à quoi nous avait habitué son auteur dans Le Chaos en marche, quelques soient les aspects considérés. Un seul point commun néanmoins : on retrouve son talent de conteur mais au service d’un récit singulièrement différent.


Ici, pas de science-fiction mais une histoire toute simple, presque banale si tant est que l’angoisse et le malaise qui traversent tout le roman puissent être qualifiés ainsi. C’est l’histoire d’un enfant comme les autres, Conor, et de sa mère. Comme les autres, à un détail près : cette effroyable vérité, ce non-dit qui pèse sur le héros et sur le lecteur et que le monstre est venu révéler. Oui, un monstre ! Car, sous ses airs d’histoire banale entre une mère et son fils, Quelques minutes après minuit est en réalité une sorte de fable poétique : un monstre végétale est au cœur de l’histoire et accompagne Conor, ou plutôt le force, dans sa quête de la vérité refusée.


Une histoire simple mais efficace, racontée de façon originale. Des thèmes tirés de la vie « de tous les jours » mais en même temps peu anodins, voire dérangeants. On ne ressort pas indemne de cette lecture. Si la forme du texte, avec ses illustrations et son côté fable, semblent destiner le roman à un public plus jeune que Le Chaos en marche, la dureté du récit en font un roman pour lequel j’ai du mal à situer le public (l’éditeur donne à partir de 12 ans). A éviter peut-être pour les plus jeunes de moins de 11-12 ans ou alors dans le cadre d’une « lecture accompagnée » (mais après c’est peut-être moi qui suit trop sensible à certains aspects du récits). Une chose est sûre, l’histoire ne laissera personne indifférent…


Une des grandes qualités du Chaos en marche était la langue si particulière de Patrick Ness, ce Bruit, qui découlait directement de l’univers. Qu’en reste-il ici, où l’univers ne nécessite pas cette approche ? La langue en elle-même se veut bien plus conventionnelle. Pourtant, Quelques minutes après minuit porte lui aussi sa marque. On retrouve par certains aspects ce style très vif, rythmé avec des phrases et des paragraphes qui s’enchaînent, soulignant la dureté de l’histoire. La façon de raconter est également très intéressante. Le roman voit s’emboîter différentes histoires, des fables dans la fable ce qui donne un peu plus d’épaisseur à l’intrigue de départ qui, on l’a dit, assez simple.


Le point fort du roman reste néanmoins son atmosphère très particulière. Ce n’est pas une lecture que je vous conseille pour rêver et oublier vos soucis. Quelques minutes après minuit est un livre pesant, voire dérangeant. Des non-dits, un malaise et une tension permanente traversent tout le roman, en raison des événements vécus par Conor. Cette vérité qu’est venu chercher le monstre, elle est là, sous-jacente, on croit la deviner. Mais comme le héros, on la redoute. Et quand vient la fin… Mais je n’en dit pas plus.


Dernier aspect à souligner : les illustrations de Jim Kay qui ponctuent les pages du livre. Elles contribuent à l’atmosphère sombre et sont très réussies. J’en ai mises quelques unes en illustration de cette chronique afin de vous laisser juger par vous-mêmes. Le livre est ainsi agréable à prendre en main et à regarder. Seul bémol, la couverture originale était selon moi plus jolie (voir illustration plus haut).


Bien sûr, en tant qu’amateur de SF, j’avais espéré retrouver le Patrick Ness du Chaos en marche avec un récit du même genre. Mais en même temps, je suis content qu’il nous ait proposé autre chose : il prouve par là son talent et sa capacité à varier les genres.


Pour terminer, un citation du roman, à l’image de ce qu’est pour moi le style de Patrick Ness (un peu moins dans ce roman) mais aussi l’histoire de Quelques minutes après minuit :
«  Les histoire sont les choses les plus sauvages de toutes. Les histoires chassent et griffent et mordent. »


En résumé, un très bon roman : poignant, intelligent et plein de vérité mais en même temps très poétique et imagé (que ce soit par les dessins proprement dits que par les idées). Une histoire qui vous chamboule un peu (ou beaucoup selon vos expériences personnelles…) et qui, malgré l’aspect fable pour enfants, ne tombe pas une vision adoucie et convenue de la perte d’un être cher. Seul goût amer après cette lecture : combien de temps avant le prochain Patrick Ness ?!

COUP DE COEUR
9/10


CITRIQ



Le "trailer" du roman en langue originale : une vidéo très réussie.

mardi 24 avril 2012

Le Chaos en Marche 1 : La voix du couteau de Patrick Ness

A l'occasion de la sortie en poche du tome 3 de la trilogie du Chaos en marche de Patrick Ness chez Gallimard Jeunesse, je vous propose ma chronique (rédigée il y a plus d'un an mais jamais publiée) du premier tome de cette exceptionnelle trilogie de science-fiction / distopye :
 La voix du couteau. Gros coup de cœur !




Patrick Ness - 2009
Gallimard Jeunesse - 440 p. (528 en poche)

Quatrième de couverture
C'est l'année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de Nouveau Monde est uniquement peuplée d'hommes. Depuis longtemps, toutes les femmes et les enfants ont disparu. A Nouveau Monde, chacun peut entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant, le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais...









Un jeune garçon élevé dans une ferme dans un village isolé. Nous sommes loin d’un début de roman original ! Mais rajoutons : une planète récemment colonisée, une mystérieuse maladie ayant décimé toutes les femmes et surtout le Bruit (flot continu des pensées des êtres qui nous entourent et qu’on ne peut s’empêcher d’entendre) et nous voilà avec les jalons de l’excellente intrigue initiée par la Voix du Couteau, premier volet de la trilogie du Chaos en marche de Patrick Ness.


Ce roman de science-fiction  se démarque par son univers original :  imaginez la société de La petite Maison dans la Prairie et ajoutez-y une pincée de SF. En effet, le lecteur suit le jeune Todd dans sa découverte d’un monde récemment colonisé et inspiré du quotidien des fermiers américains du XIXème siècle. Là où Patrick Ness se démarque c’est par la rencontre de cette société et d’éléments propres à la science-fiction : pas de sabres lasers ou de batailles spatiales mais ce Bruit déjà évoqué, une jeune fille tombée du ciel, une race exterminée par les hommes… Les idées de l’auteur pour peupler son monde sont nombreuses et innovantes, loin des conventions du genre, et nous offrent un réel sentiment d’originalité.


Mais ce qui rend surtout ce livre incontournable, c’est sa langue. Ce que lit le lecteur, c’est le Bruit de Todd, le flot continu de ses pensées, pensées qu’il ne peut contrôler ou filtrer. Par conséquent, nous nous retrouvons nous aussi confrontés à cette violence des mots, à cette langue dure et agressive qui dit les choses telles qu’elles sont, sans passer par la  belle langue habituelle en littérature. Je ne cache pas qu’au départ ce choix stylistique oblige à prendre sur soi pour surmonter les première pages et accepter cette âpreté de la langue. Mais c’est là que réside la richesse du roman.


La langue n’est pas le seul élément dérangeant. L’auteur propose une véritable dystopie (récit dépeignant une société en disfonctionnement) : les thèmes abordés sont tout aussi sombres et invitent à s’interroger sur l’extermination d’un peuple, le mépris des hommes pour les femmes, la légitimité de la violence...



Bref, avec la voix du couteau, nous tenons une perle rare. Loin de s’enfermer dans des clichés et des codes restrictifs, Patrick Ness nous offre un roman qui ose autant sur le plan de l’histoire et des thématiques que sur celui de la forme et de cette langue si particulière. On se laisse emporter par le Bruit de Todd… et on aime ça !
 COUP DE CŒUR
10 / 10



CITRIQ

vendredi 20 avril 2012

[Partenariat] Gallimard Jeunesse : Quelques minutes après minuit de Patrick Ness

Bonsoir (c'est de circonstance étant donné le titre du livre, désolé si vous lisez cet article en plein milieu de la journée !).

J'ai le plaisir de vous annoncer la concrétisation de mon second partenariat avec une maison d'édition. Après les Editions du Petit Caveau (voir article ici), c'est au tour de Gallimard Jeunesse de m'accorder sa confiance. Merci à l'équipe de la page facbook On lit plus fort de m'avoir orienté et à la responsable du service presse d'avoir si aimablement répondu à ma demande.


Au programme, le nouveau roman de Patrick Ness, Quelques minutes après minuit. Patrick est L'auteur coup de coeur pour moi de ces deux dernières années avec la trilogie du Chaos en marche. Son écriture innovante, sa langue apre mise au service d'une histoire originale et profonde m'ont conquis depuis que je l'ai découvert en 2010. A l'occasion de la sortie en poche du troisième et dernier tome du Chaos en marche intitulé  La guerre du Bruit, je vous proposerai d'ailleurs dans les jours à venir ma chronique du premier volet de la trilogie (oui je sais, ce n'est pas chronologiquement cohérent mais il s'agit d'un texte que j'ai rédigé il y a de cela un petit moment et que je n'ai jamais publié. Je me dis que c'est l'occasion).

Mais revenons-en à notre partenariat actuel. Trêve de bavardage, voici la quatrième de couverture de ce roman sur lequel je fonde de très grandes attentes :


Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris. C'est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.


Résumé qui en dit peu mais qui intrigue. La fiche d'information du partenariat indique quant à elle que l'histoire tourne autour de la relation entre le héros et sa mère gravement malade. Les critiques anglophones sont unanimes : fascinant, émouvant, perspicace, déchirant, poignant mais tendrement ironique... Tels sont les qualificatifs qui reviennent dans The Times et d'autres journaux. Verdict d'ici peu de temps étant donné mon impatience de le commencer !


Et pour finir l'une des nombreuses illustration de ce livre qui s'avère un véritable bijou et procure un immense plaisir du seul fait de le tenir entre les mains et de le regarder.


Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...