Affichage des articles dont le libellé est F.Scott Fitzgerald. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est F.Scott Fitzgerald. Afficher tous les articles

mardi 9 juillet 2013

Merci pour le feu (et autres textes) de F.S. Fitzgerald


Merci pour le feu (et autres textes) 
F.S. Fitzgerald
Editions L’Herne
108 pages
Dès le rendez-vous suivant, pourtant, Mrs Hanson eut affaire à l’exception qui confirmait la règle. Le jeune homme paraissait sympathique, mais son œil se fixa avec tant d’insistance sur la cigarette qu’elle tapotait contre l’ongle de son pouce qu’elle la fit aussitôt disparaître. Elle en fut récompensée lorsqu’il l’invita à déjeuner et durant l’heure qu’ils passèrent à table, il lui fit une commande importante. Et ensuite, il insista pour l’accompagner en voiture jusque chez son prochain client, alors qu’elle avait eu l’intention de repérer un hôtel dans le voisinage et d’aller tirer quelques bouffées dans les toilettes.






 Ma rencontre avec le livre

Je remercie le site Babelio pour m’avoir tirés au sort lors de leur opération « masse critique » lors de laquelle des lecteurs peuvent sélectionner des livres qui les intéressent pour tenter de les gagner en échange de quoi ils doivent ensuite donner leur avis. Je vous invite à découvrir cet événement sur le site Babelio.


Ma lecture du livre

Le petit ouvrage que j’ai ainsi gagné m’a laissé quelque peu sceptique. Sur ces quelques cent pages sont réunis six textes de F.S.Fitzgerald, le célèbre auteur de Gatsby le Magnifique. Si ces textes ne sont pas forcément mauvais, leur présentation et leur exploitation laissent en revanche à désirer. Procédons donc en deux temps pour cette critique : d’abord les textes puis l’édition en elle-même.


Les six textes présentés m’ont semblé assez inégaux. Le premier, « Merci pour le feu », qui donne son titre au recueil s’est avéré être une petite nouvelle courte mais qui m’a fait sourire par l’intemporalité du thème évoqué : la dépendance à la cigarette. Sympathique donc, mais sans plus. Le second texte, « Ma ville perdue », dont la nature entre nouvelle et souvenirs personnels est déjà plus floue, m’a quant à lui bien plus intéressé. En une trentaine de pages, l’auteur nous dépeint le passage de la New-York des années folles à celle de la crise des années 30. Le troisième texte, « Une centaine de faux départs » s’est également avéré intéressant à découvrir, donnant à voir les travaux manqués de Fitzgerald et toutes les idées qui n’auront rien donné. Les trois derniers textes, en revanche, m’ont laissé bien plus sceptique. Ils ne sont pas mal écrits ou inintéressants mais ils sont présentés sans aucune information, sans explication et leurs enjeux apparaissent donc peu clairs au lecteur. On peut donc dire que les textes en eux-mêmes ne sont pas transcendants. Si certains sont plaisants, ils demeurent en grande partie peu convaincants ou prenants et le travail de l’éditeur est selon moi à mettre en cause ici.


Passons donc au deuxième point : le travail de présentation et d’édition des dits textes. Et là, je trouve qu’il y a un gros problème. Tout d’abord, si je n’avais pas reçu un feuillet de présentation de l’ouvrage (du genre de ceux que reçoivent les libraires ou les journalistes), je n’aurai même pas compris qu’il s’agissait là d’un  recueil de textes ! En effet, rien ne l’indique sur la couverture ou dans le résumé de l’ouvrage. Bien sûr, je m’en serai rendu compte en lisant. Mais c’est déjà là un mauvais point selon moi car le livre n’est pas identifiable pour ce qu’il est, à savoir un recueil de plusieurs petits textes alors qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’une seule longue nouvelle.

Deuxième problème : l’apparat critique. Mis à part deux ou trois notes du traducteur, l’éditeur n’a absolument pas présenté ou commenté les textes rassemblés dans l’ouvrage. Ils nous sont balancés (oui, le terme est le bon) à la suite et c’est à peine si on nous indique leur contexte de publication. Il manque à la fois des notes pour expliciter les allusions de Fitzgerald (à des évènements, lieux, personnages de l’époque) mais surtout un commentaire ou au minimum une introduction à chaque texte permettant au lecteur de comprendre si ce qu’il lit est une nouvelle au sens strict, un essai, un fragment d’autobiographie ou bien encore autre chose. Je ne suis pas sûr, mais je crois qu’un tel commentaire est proposé pour le troisième texte (« Une centaine de faux départs »). Pourquoi n’en suis-je pas sûr ? Car ce que j’interprète comme un commentaire arrive directement après le texte, sans espace plus grand que celui séparant les paragraphes du texte de Fitzgerald et est écrit exactement dans la même police (taille, forme etc). Bref, c’est assez étrange et on se demande si ce n’est pas Fitzgerald lui-même qui commente son propre texte en parlant de lui à la troisième personne tellement rien n’indique qu’il s’agisse d’un apport extérieur.

Et, dernière critique concernant l’édition : que le texte soit livré brut de décoffrage au lecteur, soit, c’est un choix de l’éditeur. Mais, si je n’ai pas payé le livre, je pense à ceux qui le feront (ou pas car c’est un peu du vol à ce prix) car ces cent pages coûtent tout de même 9,5€ ! A mon goût, le prix est excessif car, devant l’absence totale de travail éditorial (mis à part la traduction), je ne vois pas ce qui justifie un tel prix pour un si petit livre. Un libirio à 2€ présente plus de travail que cette édition.



En résumé : des textes qui auraient pu être intéressants mais très mal édités. Un absence complète de mise en valeur, de contextualisation et d’explication que le lecteur pourrait être en droit d’attendre devant le prix de l’ouvrage. Je ne le recommande qu’aux fans de Fitzgerald qui pourront décrypter l’intérêt de ces textes par eux-mêmes (et même pour eux, je suis sûr qu’il existe des éditions bien plus rigoureuses que celle-ci…).

vendredi 24 mai 2013

Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald



Gatsby le Magnifique
F. Scott Fitzgerald

Quatrième de couverture
Au début des années 1920, dans une débauche de luxe, d’alcool et d’argent, un mystérieux personnage s’installe à Long Island dans un domaine incroyable d’extravagance. Qui est ce charmant et légendaire Gatsby, incarnation du pouvoir et de la réussite, dont les fêtes attirent toute la société locale ? Les rumeurs les plus folles circulent. Un espion ? Un gentleman anglais ? Un héros de guerre ? Un mythomane ?
Une vérité plus profonde se cache derrière l’orgueil et la magnificence de Gatsby, celle d’un ancien adolescent pauvre et d’un amant trahi qui ressemble beaucoup à Fitzgerald lui-même.
Le vingtième siècle ne fait que commencer mais la fête semble déjà finie…








Ma rencontre avec le livre

C’est, comme pour ma chronique précédente, à un cours d’anglais que je dois la découverte de ce livre. Notre prof nous avait demandé de traduire les dernières pages du roman (belle manière de spoiler ce livre !). Mais, cela remonte à cinq ou six ans et j’avoue que je ne m’en rappelais pas vraiment. Ce n’est en effet qu’avec la sortie du film de Baz Luhrmann que j’ai décidé de lire le livre en entier (je dirai d’ailleurs un mot sur le film en fin d’article).

Ma lecture du livre

Gatsby fait partie de ces romans qui, tout en racontant une histoire convenue (une romance impossible), laissent pourtant sur leur lecteur une impression singulière et durable. Différents éléments contribuent à ce sentiment positif que m’a laissé le roman.
  
Tout d’abord, le contexte des années 1920 à New-York m’a beaucoup plu. En apparence belle et clinquante de dynamisme, cette époque des fêtes et du Jazz (cf. les « Années folles » en France pour cet état d’esprit) ne m’est pas forcément très connue et c’est donc avec plaisir que je m’y suis plongé au gré des péripéties de Gatsby.
  
Cependant, Gatsby ne se veut pas un roman historique. Et on touche là au deuxième point fort du livre : la subjectivité du narrateur et son ton, sa voix particulière. En effet, Gatsby ne propose pas un tableau objectif de ce New-York des 1920’s. Notre découverte se fait par le biais d’une narration à la première personne sur le mode du souvenir. Nick Carraway (le narrateur) écrit ce dont il se souvient de ces années là. Ainsi, le livre que nous tenons entre les mains n’est en quelque sorte pas celui de Fitzgerald mais celui du narrateur lui-même qui explique dès le début son besoin de coucher cette histoire sur le papier. Dès lors, c’est moins le récit événementiel ou les éléments historiques qui comptent que la perception et les émotions que tente de retrouver le narrateur en écrivant. Il adopte alors une voix bien particulière qui dégage un je ne sais quoi entre la nostalgie et la désillusion. Ce contraste entre le récit d’un monde léger, insouciant, débridé et ce ton désillusionné, cette tentative de recul vis à vis des événements (que le narrateur ne semble pas réussir à mener à son terme) font la force de cette histoire.
  
Et on en arrive alors à la troisième qualité de Gatsby : la peinture d’un rêve américain qui se fissure. Au-delà de la romance, si le roman a connu un tel succès après la vie de son auteur, c’est grâce à son caractère visionnaire et à la capacité de Fitzgerald de pressentir, derrière les paillettes, l’alcool et les fêtes, les fissures qui commencent à apparaître dans cette belle Amérique rêvée. Une phrase de la quatrième de couverture exprime très bien cela : « Le vingtième siècle ne fait que commencer mais la fête semble déjà finie… ».

 Ainsi, si l’intrigue est assez standard, le roman est très riche. De plus, l’auteur sait ménager son suspens autour du personnage de Gatsby. Le mystère est savamment entretenu par des allusions et des tournures de phrases du narrateur visant à intriguer le lecteur. Les personnages sont complexes et leurs portraits bien brossés. Gatsby est donc un roman réellement plaisant à lire et dans lequel on entre sans problème.


Et le film ?
Je suis globalement très satisfait par le travail d’adaptation qui a été fait. Le film est ainsi très fidèle, à l’exception de certaines modifications concernant le narrateur. Le texte du roman est littéralement présent dans le film. Le casting colle aux personnages même si j’avoue avoir eu parfois un peu de mal avec Tobey Maguire.
On peut être surpris par la surenchère d’effets spéciaux et la bande son (qui est un des gros plus du film, en particulier la piste Youngand Beautiful de Lena Del Rey). Certains crieront à l'anachronisme. C'est qu'ils n'ont pas compris la teneur du film et l'objectif visé par le réalisateur : Gatsby n'est pas un roman/film historique. On est dans la subjectivité du narrateur qui  rapporte son histoire sur le mode du souvenir et non en direct, souvenirs qui émergent de soirées alcoolisées. Dès lors, le but est moins de reconstituer fidèlement des évènements que de retrouver une atmosphère à travers des souvenirs par définition déformés, exagérés. La surenchère visuelle et sonore trouve alors son sens : de la même manière qu'on se rappelle notre premier sapin de noël bien plus grand, brillant et magique qu'il ne l'était sans doute, le narrateur ne nous donne pas à voir Gatsby et son monde tels qu'ils étaient réellement, mais comme il s'en souvient et se les est reconstruits.
Les effets spéciaux dégoulinants sont ainsi volontaires pour restituer ces étoiles dans les yeux que gardent en mémoire le narrateur. Les anachronismes musicaux sont quant à eux un moyen de faire ressentir avec un langage compréhensible pour le spectateur de 2013 la fièvre de ces soirées (si on nous avait mis de la musique d'époque, certes on aurait été dans le "vrai" mais il y aurait eu un décalage entre le ressenti du narrateur et celui du spectateur. Or, je le redis, c'est là dessus que tout repose et pas sur le contenu ou la peinture historique des soirées proprement dits.
La seule faute de goût dans la direction artistique est selon moi le recours à des plans 3D qui n’apportent rien (j’ai vu le film en 2D et, lors de certaines scènes, on voit clairement que les plans ont été pensés de manière à mettre en évidence, sans apport de sens, la 3D).
Bref, une adaptation honnête mais qui ne parvient cependant pas à restituer totalement le ton et les émotions du narrateur que véhiculent le roman. La faute peut-être à un éclairage mis plutôt sur la romance dans le film.


  
Pour résumer : un roman culte qui n’a pas volé sa place. Une histoire d’amour convenue mais un style fort et un ressenti général bien singulier qui révèle le regard visionnaire de Fitzgerald sur la crise du rêve et de la société américaine à venir.

8,5/10

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...