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vendredi 3 mai 2013

Cycle d’Ender (La saga des ombres 5 ?) : Les rejetons de l’Ombre d’Orson Scott Card


Les rejetons de l’Ombre
Cycle d'Ender (La saga des ombres, tome 5 ?)
Orson Scott Card
Editions l’Atalante
200 pages

Quatrième de couverture
Ils étaient quatre à bord de l’Hérodote : Bean, le Géant, le stratège inégalable, et ses trois enfants héritiers de la clé d’Anton. Ender, Carlotta et Cincinnatus, trois petits génies condamnés comme leur père à une existence abrégée, que Bean avait arrachés à leur mère et à leur monde dans l’espoir que leur malédiction génétique trouverait un jour son antidote. Cinq ans s’étaient écoulés sur l’Hérodote tandis que le vaisseau filait à une vitesse relativiste, plus de quatre cents ans sur Terre. Et la Terre les avait oubliés... Leur seul espoir reposait désormais en eux-mêmes, peut-être en ce qu’ils allaient trouver parmi les étoiles, et Bean approchait d’une mort inéluctable.



Ma rencontre avec le livre

Fan d’Orson Scott Card, lecteur assidu en particulier du cycle d’Ender, j’ai été pris de court en découvrant en mars dernier que les éditions l’Atalante allaient déjà publier ce roman sortie l’an dernier en VO. Pourquoi une telle surprise ? Parce que j’avais dû attendre près de 6 ans pour que paraisse en poche le dernier Card que j’ai lu (à savoir le tome 4 de la Saga des Ombres, chroniqué ici). Je remercie donc doublement l’Atalante pour cette publication éclaire et pour m’avoir permis de me réconcilier avec un auteur sur lequel je commençais à avoir des doutes : Les rejetons de l’Ombre les balayent d’une claque phénoménale.


Ma lecture du livre

Vous aurez peut-être noté le « La saga des ombres 5 » entre parenthèse et accompagné d’un point d’interrogation dans le titre de l’article. Cela traduit tout simplement la difficulté à insérer cette suite qui n’en est pas vraiment une dans l’œuvre de Card. Indéniablement, Les rejetons de l’ombre fait partie du cycle d’Ender (à mon sens bien plus que les précédents tomes de la Saga des Ombres) mais de là à dire qu’il s’agit du tome 5 de la dite saga, ce n’est pas si simple. Explications.


Je l’ai dit, Les rejetons de l’ombre est une suite qui n’en est pas vraiment une. Suite car on  retrouve les personnages laissés à la fin de l’Ombre du géant, le tome 4 de la Saga des Ombres, et on se place dans une certaine continuité chronologique. Mais, pas tout à fait une suite car nous tenons là un roman singulièrement différent de ce à quoi l’auteur nous avait habitué dans la Saga des Ombres.

Cela tient tout d’abord à un scénario beaucoup plus « restreint » au sens où il se concentre sur un nombre limité de personnages, donnant ainsi à Card l’occasion de rejouer de ce qui faisait la force de La Stratégie Ender : l’interaction entre quelques individus réunis dans un espace limité. On retrouve le talent de l’auteur à dresser le portrait de personnages et à fouiller leur psychologie tout en les plongeant au cœur d’une « aventure » centrée ici sur l’exploration d’un mystérieux navire extraterrestre croisé durant leurs pérégrinations spatiales (a priori pas très original comme accroche mais, détrompez-vous, ça marche à merveille. Je n’en dis pas plus).

La tonalité de l’intrigue est également radicalement différente des précédentes aventures de Bean dans la Saga des Ombres et contribue à ma réticence à parler de « suite ». A mon grand plaisir, Card abandonne enfin l’anticipation géopolitique (qui commençait à me lasser) pour revenir vers de la SF plus spatiale aux touches Hard-SF (c’est à dire mettant l’accent sur des démonstrations scientifiques). Que les allergiques aux réflexions sur la gravité ou la génétique ne s’effrayent pas : malgré mon faible bagage scientifique, je n’ai pas été endormi et je pense avoir plus ou moins bien compris les différents points technologiques et biologiques au cœur de l’intrigue.

Mais surtout, si Card m’a conquis ici, c’est en raccrochant, par ce roman, la Saga des ombres à la mythologie générale du Cycle d’Ender. L’auteur multiplie les liens avec les romans centrés sur Ender, en particulier en ce qui concerne La voix des morts et la culture des Doryphores, cette race extraterrestre qui menaçait la terre dans La stratégie Ender. Non seulement on en apprend plus ici sur leur civilisation, mais surtout ces informations bouleversent ce que nous pensions savoir et offrent des perspectives nouvelles quant au propre destin d’Ender post-Stratégie (narré dans les romans La voix des morts, Xénocide et Les enfants de l’esprit).


Que dire sur les aspects plus formels du lire ? Une lecture fluide qui fait bien la part entre portrait psychologique, exposé scientifique, exploration et action (mais à petite dose, je vous préviens) et révélations. L’auteur use à bon escient de l’humour et de la corde sensible, rendant particulièrement émouvante (encore une fois) la fin de son roman. Seul reproche : l’impression qu’il prend parfois son lecteur pour un malade souffrant du symptôme de Doris (ne cherchez pas, je viens de l’inventer en référence à Doris, le poisson souffrant de perte de la mémoire courte du Monde de Nemo ; ne cherchez pas non plus pourquoi cette référence me vient maintenant…) : il nous ressasse plusieurs fois certaines informations telle que l’origine d’un surnom (qui en soit n’est même pas crucial à l’intrigue). Il fallait bien trouver quelque chose à critiquer…


Avant de conclure, répondons par conséquent à la question que posait implicitement le statut de suite/non-suite : un lecteur novice dans l’univers de Card peut-il lire et apprécier Les rejetons de l’ombre ? Sa singularité fait que, à mon sens, oui : un lecteur n’ayant pas lu les tomes précédents de la Saga des Ombres pourrait éventuellement apprécier. Bien sûr, il ne comprendra pas la portée de toutes les références et certains points resteront peut-être obscurs. En revanche, il me semble indispensable d’avoir lu au minimum La stratégie Ender (et encore mieux, La voix des morts mais pas obligatoirement) car, sans cela, le lecteur ne saisira pas l’enjeu de ce nouveau roman et risquera de trouver ennuyeuses et convenues les révélations sur les Doryphores.


En bref : suite uniquement du point de vue chronologique et des personnages, Les rejetons de l’ombre apparaît comme un roman radicalement singulier dans le cycle d’Ender dans lequel il s’inscrit pourtant en explorant la culture des mystérieux doryphores. On quitte la science-fiction politique pour une aventure scientifique spatiale. Par cette fraîcheur, alliée à un lien profond avec la mythologie fondatrice d’Ender, ce roman me réconcilie plus que jamais avec Orson Scott Card. L’auteur nous prouve qu’il n’a rien perdu de son talent et qu’il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir. Espérons que l’Atalante soit aussi rapide dans la traduction de Shadow alive (la suite des Rejetons de l’ombre) dont la date de parution VO n'a malheureusement pas encore été annoncée !

9,5/10


jeudi 24 mai 2012

Le Mystère Olphite de Carina Rozenfeld




Editions L’Atlante Jeunesse
Science-fiction
288 pages

Quatrième de couverture
Maor est un jeune Olphite promis à un bel avenir dans sa caste : il a le don de Vision.
Mais un jour il fait une découverte macabre qui le pousse à s'enfuir de l'école où il vit depuis dix ans. Propulsé dans le monde « réel » et métamorphosé par sa rencontre avec Sirius et le professeur Hermann, il doit se rendre à l'évidence : les Olphites cachent quelque chose à l'humanité…
Poursuivis à travers la planète par les « pisteurs » d'Ikar, le guide des Olphites, Maor et ses amis vont vivre une aventure hors du commun avec un espoir fou : sauver la Terre.







Ma rencontre avec le livre :

C’est à un mélange de conseil et de hasard que je dois cette lecture. Le conseil : Tom, de la Voixdulivre, dit beaucoup de bien de Carina Rozenfeld que, de mon côté, je ne connaissais pas du tout avant qu’il m’en parle. Le hasard : je suis tombé sur ce roman en errant dans les rayons de la médiathèque. Je n’ai pas hésité longtemps !


Ma lecture du livre :

Ce premier roman de Carina Rozenfeld n’a pas été un véritable coup de cœur. Il s’agit d’une lecture agréable qui m’a donné envie de découvrir plus en détail le reste de l’œuvre de cette auteur. Cependant, à côté de bons points, le Mystère Olphite a aussi quelques défauts


Commençons par les qualités de ce roman. L’idée de départ sur laquelle repose tout le récit m’a totalement conquis ! J’ai trouvé très poétique la capacité des Olphites à entrer en contact avec les comètes et à fixer leur esprit à ces blocs de pierre et de glace afin de voyager à travers l’univers par la pensée. L’idée est originale et, je l’avoue, me fait un peu rêver car j’aime beaucoup les étoiles.


Ce concept de base est servi par une écriture très fluide et agréable à lire. Nous sommes dans de la littérature jeunesse mais je salue l’auteur qui ne tombe pas dans un style de bas à sable où le style serait sacrifié à une simplification de la langue que je constate trop souvent en ce moment dans certains livres jeunesse.


Le Mystère Olphite avait donc tout pour faire un bon livre : une idée originale et une plume agréable. Mais j’ai été déçu au fur et à mesure de ma lecture. Comme je l’ai dit, j’ai tout de même apprécié ce roman mais je m’attendais à plus. Explications.

Tout d’abord, si le concept de base est original et très sympa, il est développé de façon très prévisible et je n’ai absolument pas été surpris par la résolution de l’intrigue qu’on sent arriver depuis la moitié du roman.


Les personnages, s’ils ne sont pas mauvais, ne m’ont pas spécialement conquis. Eventuellement le personnage de Sirius m’a bien plu mais je la trouve traitée trop grossièrement. Quant au héros, Maor, je trouve son évolution trop peu nuancée. Et bien sûr, on échappe pas à la petite romance…

Enfin, si l’auteur ne tombe pas dans le piège de la littérature jeunesse en ce qui concerne le style, elle est rattrapée par cette tendance à la simplification dans son intrigue. Les choses sont trop faciles, vont trop d’elles-mêmes. Plusieurs fois, on se dit « mais comment c’est possible », « mouais, c’est pas trop vraisemblable ». Exemple tout bête : vous avez trois personnes en fuite qui traverse la France et l’Espagne, qui dépense de l’argent etc mais leurs pisteurs n’arrivent pas à suivre leur trace… Vous prenez n’importe quel film de cavale et vous savez qu’en retirant de l’argent on peut se faire repérer. Voilà, là du coup on se dit que les méchants sont vraiment pas doués si ils ne pensent pas à ça…

Ce sont plusieurs petites choses de ce genre qui nuisent à l’ensemble de l’histoire. Il y a d’autres moments où des pistes intéressantes sont soulevées mais l’auteur ne s’y engage pas. Et pour cause : les questions de manipulation politique mondiale sont peut-être compliqués pour de la littérature jeunesse. Sur ce point, je salue donc quand même l’auteur qui a néanmoins intégré quelques idées sur ce points en imaginant la nature des Etats-Unis et de l’Europe dans 150 ans. Bien sûr, on est pas dans une projection à l’image de ce que propose par exemple un Pierre Bordage mais c’est normal : on est en littérature jeunesse et ce n’est pas le sujet de base de l’histoire.




Pour résumer, un roman agréable reposant sur une bonne idée mais qui me déçoit un peu en tant qu’amateur de SF. Je pense cependant qu’il plaira tout à fait à des lecteurs adolescents sauf si ils sont déjà de grands consommateurs de SF « plus poussée ». Dans ce cas-là, eux aussi risquent d’être un peu déçus.

6 / 10



CITRIQ
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