Alix senator, tome 1 : Les aigles de sang
Quatrième de couverture
12 avant Jésus-Christ. Marcus Aemilius Lepidus, grand pontife de Rome, et Agrippa, successeur désigné du puissant empereur Auguste, sont mystérieusement assassinés par des aigles qui leur déchirent les entrailles.
Alarmé par ces événements, Auguste charge son vieil ami le sénateur Alix Gracchus d’enquêter discrètement. Une enquête qui conduira Alix, assisté de ses fils Titus et Khephren (le propre rejeton d’Enak, qu’Alix a adopté après la disparition de celui-ci) sur la piste de l’énigmatique maître des oiseaux. Pourtant, le danger persiste à se rapprocher encore de l’empereur en personne, de plus en plus près. Et Alix va finalement découvrir que le plus dangereux des rapaces se niche au cœur même de Rome, là où nul ne pouvait le soupçonner…
Valérie Mangin (scénario) & Thierry Demarez (illustrations)
D’après l’œuvre de Jacques Martin
D’après l’œuvre de Jacques Martin
Casterman (48 pages)
Quatrième de couverture
12 avant Jésus-Christ. Marcus Aemilius Lepidus, grand pontife de Rome, et Agrippa, successeur désigné du puissant empereur Auguste, sont mystérieusement assassinés par des aigles qui leur déchirent les entrailles.
Alarmé par ces événements, Auguste charge son vieil ami le sénateur Alix Gracchus d’enquêter discrètement. Une enquête qui conduira Alix, assisté de ses fils Titus et Khephren (le propre rejeton d’Enak, qu’Alix a adopté après la disparition de celui-ci) sur la piste de l’énigmatique maître des oiseaux. Pourtant, le danger persiste à se rapprocher encore de l’empereur en personne, de plus en plus près. Et Alix va finalement découvrir que le plus dangereux des rapaces se niche au cœur même de Rome, là où nul ne pouvait le soupçonner…
Ma rencontre avec le livre
Etant passionné d’histoire romaine, j’avais repéré cette BD
dans la sélection du dernier festival d’Angoulême. Malheureusement, comme
souvent avec les BD, je ne passe pas à l’achat car le prix des albums comparé
au temps de lecture m'en dissuade. Mais, dans ce cas, j’ai eu la chance
de tomber sur l'opération Angoulême de
Priceminister qui offrait aux bloggeurs la possibilité de découvrir gratuitement
une BD de la sélection du festival en échange d’une critique. J’ai donc postulé
pour Alix Senator et je remercie les responsables de l'opération de m'avoir retenu.
Avant toute chose, il faut aussi que je fasse mon « mea
culpa » de circonstances : je me prétends passionné d’histoire
romaine, je me suis spécialisé dans la période couverte par les albums d’Alix
(à savoir la fin de la République et le passage au Principat/Empire) et je n’ai
jamais lu la série originale de Jacques Martin mettant en scène un jeune
gaulois (Alix) adopté par un sénateur romain et se retrouvant ainsi mêlé à des
enquêtes qui ont pour décor la période où s’affrontent Jules César et Pompée. Voilà, c’est dit ! Il s’agit
peut-être d’une lacune à ma culture (que je compte bien rattrapé car je suis
tombé sous le charme de cette BD) mais l’avantage, c’est que cette critique
sera celle d’un lecteur au regard neuf, affranchi des comparaisons avec la BD
originale de Jacques Martin.
A noter : si je serai donc objectif du point de vue des
comparaisons avec les anciens albums, je risque d’être pointilleux sur les
éléments historiques puisque je me suis spécialisé pendant mon master
d’histoire romaine précisément sur cette période du règne d’Auguste !
Ma lecture du livre
La BD nous présente un Alix âgé de 50 ans, installé à Rome
et devenu sénateur. Accompagné de ses deux fils (dont un Egyptien adopté), il
va devoir résoudre un nouveau mystère : les assassinats de deux
personnages majeurs de l’époque : Lépide, le Grand Pontife (le principal
prêtre de Rome) et Agrippa, le bras droit et conseiller d’Auguste.
L’intrigue ainsi mise en place est intéressante. On devine,
certes, très vite les éléments de résolution de l’enquête mais cela n’enlève
rien à la qualité des ficelles utilisées par les auteurs. En effet, toute
l’intrigue est basée sur des éléments précis du contexte religieux/politique de
cette période mais pas forcément sur des choses auxquelles on s’attendrait. Le
choix d’utiliser le problème des flamines (prêtres) de Jupiter m’a semblé très
original pour deux raisons : premièrement ce n’est pas un élément qu’on
met souvent en avant lorsqu’on évoque cette période dans les œuvres de
divertissement ; deuxièmement, le sens dans lequel ce problème est
présenté permet de donner un éclairage un peu à contre-courant de la
présentation habituelle de l’empereur Auguste.
C’est là en effet une des choses qui m’a plu : le
traitement d’Auguste (je m’arrête un peu sur ce point car il s’agit d’un de mes
personnages historiques préférés). Les auteurs ont pris le parti d’adopter une
vision mesurée et toute en nuance du personnage. Je les salue sur ce point car
il aurait été tellement facile (et si peu original) de suivre soit la vision
antique de l’empereur idéal soit la vision moderne, véhiculée par exemple par
la série Rome, du sadique manipulateur et mégalomane. Le but des auteurs
n’était bien sûr pas de se concentrer sur la figure historique d’Auguste mais
on voit quand même ici un certain soin dans le traitement historique des
personnages.
Venons en maintenant justement aux questions de la cohérence
historique. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter quelques
incohérences/anachronismes/raccourcis historiques. Bien sûr, vous me
rétorquerez qu’il s’agit là d’une BD et pas d’un ouvrage d’histoire. Et, même
si ma fibre d’historien ne peut pas s’empêcher de tiquer, je suis d’accord avec
vous : c’est du détail. Et je pardonne d’autant plus qu’à d’autres
moments, les auteurs font preuve d’un souci du détail qui m’a bluffé. Exemple
concret : Auguste était le grand-père de cinq enfants qui ont fait l’objet
de mon mémoire de Master. Ces enfants n’ont pas de rôle dans l’intrigue de la
BD mais les auteurs les ont quand même glissé dans certaines bulles au milieu
de la foule (par exemple pendant les funérailles d’Agrippa) et un œil averti
pourra les repérer et les identifier. Ce genre de détail, qui passera inaperçu
pour la majorité des lecteurs (qui contrairement à moi ne font pas une fixation
sur ces enfants ^^), révèle à nouveau le soin apporté au contexte historique.
Soin apporté également dans les illustrations et les
magnifiques vues de Rome. En effet, le style des illustrations m’a
conquis : la palette de couleur fonctionne à merveille pour donner vie à
la ville de Rome et à ses monuments dans des cases s’étendant parfois sur une
demi-page. A nouveau, bien sûr, un archéologue pourrait grincer des dents
devant certaines reconstitutions mais on pardonne de nouveau facilement devant le plaisir avec lequel on s'amuse à repérer dans les décors des
allusions précises à certains monuments comme l’Ara Pacis, présenté en arrière
plan lors d’une scène se déroulant devant le mausolée familial d’Auguste. Mais stop,
j’ai assez fait d’histoire dans cette chronique (déformation
professionnelle) !
Pour conclure, revenons donc à la BD en elle-même. Je
pense que vous l’avez compris : j’ai beaucoup aimé cette lecture. Une
intrigue prenante, des personnages attachants, un contexte et une atmosphère
que j’ai trouvés bien reconstitués. J’ai littéralement dévoré cette aventure d’Alix
senator. Un seul défaut : l’aventure est trop courte et se finit trop vite
(mais c’est là une critique que je fais en général à toutes les BD).
Une chose est certaine : je lirai sans hésiter le tome
suivant, d’autant plus que les dernières bulles ouvrent l’aventure dans une
direction qui m’intrigue fortement. Malheureusement, celui-ci ne sort qu’en
septembre 2013 ! Je pense que je vais donc mettre cette attente à profit
pour découvrir la série originale mettant en scène Alix adolescent !
17/20
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