samedi 22 mars 2014

Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket 1 : Mais qui cela peut-il être à cette heure ?


Les fausses bonnes questions de Lemony Snicket 1
Mais qui cela peut-il être à cette heure ?
Editions Nathan / 250 pages

Quatrième de couverture :
Avant de lire ce livre, il serait préférable de vous poser ces questions :
1- Voulez-vous savoir ce qui se passe dans une ville en bord de mer qui ne se trouve plus en bord de mer ?
2- Voulez-vous en apprendre davantage sur un objet volé qui n'a pas du tout été volé ?
3- Pensez-vous vraiment que cela vous regarde ? Pourquoi ? Quelles sont vos motivations ? En êtes-vous sûr ?
4- Qui se tient derrière vous ?






Ma rencontre avec le livre :

Lemony Snicket est une vieille connaissance puis que je suis un fan inconditionnel de son autre série, Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire. Lorsque j'ai appris qu'il sortait enfin un nouveau livre, je n'ai pas hésité longtemps ! Plus qu'une rencontre, il s'agit donc ici de retrouvailles avec un de mes auteurs favoris !

Ma lecture du livre :

Quel plaisir de retrouver après tant d'années l'écriture de Lemony Snicket ! Le style si particulier de l'auteur est intact. Le livre est truffé de jeux sur les synonymes, de références littéraires et surtout de ces tableaux de lieux si atypiques auxquels l'auteur nous avait habitué dans les orphelins Baudelaire.

Arrêtons-nous justement sur le cadre de cette histoire. A l'échelle locale, Snicket nous propose de découvrir une petite ville au bord de la mer qui n'est plus au bord de la mer. Rien qu'avec cette description, le ton est donné : tout ce qui vous y attend n'aura ni queue ni tête ! Mais, à une échelle plus large, on se rend compte que l'on se trouve en fait dans le même monde que celui des orphelins Baudelaire. Certaines références obscures (le narrateur est volontairement mystérieux et laisse le lecteur dans l'ombre) seront ainsi plus claires pour un lecteur de la série précédente. Cependant, on peut tout à fait découvrir cet univers avec ce roman. Attendez-vous simplement à un être un peu perdu au départ : c'est normal, Lemony Snicket aime perdre ses lecteurs ! Il faudra vous y faire !

En ce qui concerne les personnages, on retrouve donc bien évidemment Lemony Snicket lui-même. En effet, pour rappel, l'auteur est également un personnage de l'histoire. Alors que dans les orphelins Baudelaire il était adulte, il nous propose ici de découvrir son enfance et ses débuts au sein de la fameuse organisation jamais nommée mais qui n'est sans doute autre que VDC. Sa « voix » d'enfant m'a ici moins convaincu que celle du Lemony adulte. En effet, peut être à cause de son jeune âge, il est bien moins sarcastique et grinçant que dans les orphelins (or, c'était un des points forts de la série). En revanche, les autres personnages qu'il décrit sont tout à fait à la hauteur ! Mention spéciale à Theodora, sa mentor, qui illustre à merveille le sort réservé aux adultes dans l'univers de Snicket : des personnes totalement absurdes et ridicules !


Parlons maintenant un peu de l'intrigue. Snicket oblige, c'est tarabiscoté, mot signifiant ici « compliqué mais au final relativement simple et obscurci par un traitement volontairement mystérieux et allusif sur certains points ». Une histoire de vol, d'enlèvement et mystérieux projets. Voilà en gros ce qui va vous occuper dans ce roman. L'affaire policière se suit sans trop de mal mais certains seront en revanche peut être énervé par les nombreux silences volontaires du narrateur sur certains points qui ont pour conséquence de nous laisser faussement dans l'ignorance. Comme dit plus haut, il faut s'y faire, cela fait partie intégrante de l'écriture de Snicket. Considérez cela comme une sorte de jeu : à vous de réussir à mettre les pièces du puzzle dans l'ordre. J'insiste sur ce point car c'est vraiment LE reproche que j'ai vu plusieurs dans d'autres chroniques sur internet.


Pour conclure, donc, un véritable plaisir que de retrouver un Lemony Snicket en bonne forme. Le roman se lit facilement mais on ne peut cependant s'empêcher de le comparer aux orphelins Baudelaire qu'il ne parvient à mon goût pas à surpasser. Mais, pour sa défense, il ne prétend pas tout à fait jouer dans la même catégorie. De plus, il s'agit là d'un premier tome qui appelle bien évidemment une suite à partir de laquelle il sera déjà plus aisé de commencer à porter un jugement d'ensemble sur cette nouvelle série. Bonne lecture !

7.5/10



vendredi 14 mars 2014

Star Wars / L'héritage de la Force 8 : Révélation de Karen Traviss



Star Wars / L’héritage de la Force 8 : Révélation
Karen Traviss
Fleuve noir / 502 pages

Quatrième de couverture :
La guerre civile fait rage dans la galaxie. L'ancien Jedi et nouveau chef d'État Jacen Solo a montré son véritable visage et tous les efforts sont maintenant concentrés pour mettre fin à sa tyrannie. Sa soeur jumelle, laina, est déterminée à le retrouver pour le ramener à la raison. Mais pour cela, elle doit d'abord suivre l'enseignement d'un homme sans pitié, repoussant et dangereux. Pendant ce temps, Ben Skywalker est presque convaincu que Jacen a tué sa mère, Mara Jade Skyywalker. Il décide de partir à la recherche de la vérité peu importe les risques encourus...




Comme d’habitude pour les romans Star Wars, je vous renvoie à l’article qui normalement devrait vous permettre de vous y retrouver dans la chronologie des romans. C’est par ici !

Attention : étant donné que nous arrivons maintenant dans les derniers tomes de la série, je considère que certaines choses sont connues. Par conséquent, certains éléments auxquels je faisais seulement vaguement allusion avant (de peur de spoiler) sont maintenant évoqués plus clairement.


Avec cet avant dernier tome de la série de l'héritage de la force, nous approchons du dénouement de l'intrigue. Après au moins deux (voire trois) romans pour chacun des auteurs qui a apporté sa pierre à la série, il est désormais possible de se faire un avis sur l'apport de chacun d'entre eux. Et, je peux définitivement dire que Karen Traviss aura été la meilleure contributrice ! Bref, vous l'avez compris, j'ai à nouveau grandement apprécié le roman qu'elle nous offre ici. Bien que légèrement en dessous du tome Sacrifice (qui restera inégalable pour son intensité) qu'on lui doit également, Karen Traviss signe en effet avec Révélation un nouveau très bon livre.

L'intrigue tout d'abord s'avère jouissive. Imaginez Jaina Solo allant prendre des cours de chasse à l'homme auprès de Boba Fett ! Oui, voilà bien le principal fil directeur de ce tome. Par conséquent, le personnage de la fille Solo, dont on sait qu'elle doit prendre une place croissante dans l'intrigue, est ici au cœur du roman, ainsi que les Mandaloriens, chers à Karen Traviss. Et tout cela pour le plaisir du lecteur. En effet, l'auteur maîtrise bien son sujet (cf. ses nombreux romans sur les Mandos et sur les clones pendant la période Clone Wars) et parvient sans peine à nous convaincre. Pour preuve, j'en viens même à me demander si je ne vais pas aller me lire quelques uns de ses livres Clone Wars alors que jusqu'à présent cette période ne m'intéressait pas du tout ! Concernant plus spécifiquement le personnage de Jaina, on peut souligner l'effort d'exploration psychologique menée par l'auteur pour rendre crédible la mission réservée à la jeune femme, à savoir aller affronter son frère.

Le fameux frérot : autre point fort du roman justement. Enfin, le nouveau seigneur sith s'affirme pleinement et se révèle au grand jour. Finis les jeux de masques et le dénie quant à sa véritable nature. Dès lors, le personnage peut agir avec plus d'ampleur et le clan Solo-Skywalker ne peut plus nier que le nouveau Palpatine est bien issu de leur sang. Le roman réserve d'ailleurs une scène assez poignante lors de la quelle les différents membres de la famille sont confrontés de façon brutale et désormais indéniable au nouveau visage de Jacen. On est bien loin de l'image du Big Three rayonnant, plein d'assurance et intouchable et on aime (cela révèle une chose sur le lecteur : il est au moins aussi sadique que l'auteur qui a pris plaisir à broyer ainsi ces personnages canoniques. Gageons qu'ils n'en ressortiront pas les mêmes pour la suite...).

Enfin, si le roman m'a autant plu, c'est également parce qu'on y revoit des personnages oubliés depuis longtemps (je n'en dirai pas plus mais ceux connaissant l'intrigue du cycle suivant, Le destin des Jedi, peuvent se douter de qui je parle). J'ai d'ailleurs noté, avec plaisir, que Karen Traviss, par quelques répliques bien placées, prépare déjà dans ce roman l'avenir de la saga tel qu'il se déroule justement dans Le Destin des Jedi. Cependant, si on peut fêter le retour d'un ancien personnage, il faut aussi vous préparer à devoir dire adieu à un autre grand personnage majeur de l'UE comme dans une sorte de rééquilibrage pour compenser...


Ainsi, nous tenons là un roman bourré de qualités que je place sans hésiter dans mon top 3 du cycle avec Sacrifice et Héritage (et vous noterez que ce sont tous deux des Traviss aussi !). Si on constate la présence de quelques longueurs par moment (certains passages de préparations de la bataille de Fondor), tout le reste est de très bon acabit et Karen Traviss place vraiment la barre très haut pour ses collègues. Espérons que Troy Denning sera à la hauteur dans le tome 9, Invincible, qui conclura la cycle !

7.5/10


mardi 27 août 2013

Animale : La malédiction de Boucle d'Or de Victor Dixen



Animale : La malédiction de Boucle d'Or
Victor Dixen
Gallimard Jeunesse / 437 pages


Quatrième de couverture
Et si le conte le plus innocent dissimulait l'histoire d'amour la plus terrifiante ?
1832. Blonde, dix-sept ans, orpheline, vit depuis toujours dans un couvent, entourée de mystères. Pourquoi les soeurs l'obligent-elles à couvrir ses cheveux d'or et à cacher sa beauté troublante derrière des lunettes noires ? Qui sont ses parents et que leur est-il arrivé ? Quelle est la cause de ses évanouissements fréquents ?
Blonde est différente et rêve de se mettre en quête de vérité. Alors qu'elle s'enfuit du couvent pour remonter le fil du passé, elle se découvre un côté obscure, une part animale : il y a au coeur de son histoire un terrible secret.








Ma rencontre avec le livre

C'est en tant que membre de la promo 2013 des chroniqueurs On lit plus fort que j'ai eu le plaisir de voir ce livre arriver dans ma boîte aux lettres. Plaisir d'autant plus grand que j'ai entendu beaucoup de bien des précédents romans de Victor Dixen (Le cas Jack Spark) mais sans avoir eu l'occasion de les lire. La réputation de cet auteur se vérifie-t-elle ici ?

Ma lecture du livre

Dans Animale – La malédiction de Boucle d'Or, Victor Dixen nous propose une réécriture du célèbre conte de Boucle d'Or et les Trois Ours. En effet, à travers l'histoire de Blonde, une jeune orpheline élevée dans un couvent, l'auteur nous embarque dans une aventure qui n'est pas sans rappeler celle de la jeune fille blonde s'endormant malencontreusement dans une maison peuplée d'ours... Mais, je dis bien réécriture et pas simplement nouveau récit de la célèbre histoire des frères Grimm.

Réécriture, tout d'abord, par le cadre choisi pour cette nouvelle version. L'histoire prend en effet place dans la Lorraine de la première moitié du XIXe siècle. Là où les contes sont habituellement assez vagues en ce qui concerne le cadre spatio-temporel, Victor Dixen s'appuie au contraire sur un background historique bien documenté et bien utilisé. Cet ancrage historique constitue, à mes yeux, un des points forts du roman même si, au final, cela n'a pas forcément un impact crucial sur le cœur du récit.

Réécriture, ensuite, car l'auteur s'éloigne de la forme même du conte. Animale n'adopte ainsi pas la forme d'une histoire narrée chronologiquement par un narrateur extérieur. Bien au contraire, au fil des pages, Victor Dixen joue des différentes formes narratives à sa disposition : récit traditionnel, lettres, rapport d'enquête, entretien de police, journal intime... Cela apporte une véritable variété au roman et permet de sans cesse renouveler l'attention du lecteur. Cependant, on touche là également à un des défaut du livre. En effet, j'ai parfois eu une impression de longueur et de redite entre les différentes formes de narration. Certaines informations étaient simplement reformulées d'une nouvelle manière sans que cela n'apporte de réel intérêt.

Réécriture, enfin, par la complexité et l’ampleur nouvelle donnée à l'histoire de Boucle d'Or. En effet, en plus de jouer sur les formes de récits, Victoire Dixen les enchâsse et nous raconte non pas une mais deux histoires (qui sont bien évidemment liées). A nouveau, ce procédé permet de renouveler l'intérêt du lecteur en variant les lieux et les époques évoqués. Mais surtout, cela permet aussi de changer de personnages. Car, en effet, j'ai par moment eu un peu de mal avec l'héroïne, Blonde, en particulier lorsqu'il est question de l'histoire d'amour cousue de fil blanc qu'on sent poindre dès les premières pages.

Pour finir, un petit mot sur le style de Victor Dixen. Là, je n'ai rien à redire et je peux même souligner le fait que j'ai vraiment apprécié la plume de cet auteur. Son écriture est recherchée et nous rappelle qu'il existe de la littérature jeunesse qui ne prend pas son lectorat pour une bande d'illettrés : vocabulaire riche, construction de vraies phrases... On peut en particulier noter le soin accordé au prologue et à certains chapitres de la fin du livre, dont la focalisation particulière du narrateur influe sur le style même d'écriture. Finalement, on en est presque déçu au sens où cette maîtrise du style illustre le potentiel de l'auteur, mais potentiel qui n'est pas mis au service d'une histoire qui en est à la hauteur. En effet, arrivé à la fin du roman, c'est avec une pointe de déception qu'on constate que l'histoire n'a jamais vraiment décollé. Si elle se suit sans problème, on se rend compte qu'il s'agit là d'une x-ième varitation sur le thème des transformations homme-animal en replaçant le loup actuellement à la mode par l'ours. Les péripéties ne sont pas forcément très innovantes en ce qui concerne le parcours de Blonde. Ainsi, au final, c'est plus l'histoire dans l'histoire (c'est à dire celle que découvre elle-même Blonde au fil du livre) qui m'a intéressé que les pérégrinations de ladite héroïne.


En résumé : un roman qui confirme ce que j'ai entendu sur la plume de Victor Dixen. Un réel travail sur le style, l'univers et le texte mais au service d'une histoire qui, si elle se suit sans difficulté, n'est finalement pas toujours à la hauteur des précédentes qualités. Il n'en demeure pas moins qu'Animale est un roman jeunesse de qualité qui rappelle que roman jeunesse ne signifie pas simplicité.

7/10
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