mercredi 14 mars 2012

La saga des ombres 2 : l’ombre de l’hégémon de Orson Scott Card

Toujours dans la perspective de la chronique à venir du tome 3 de cette saga de SF, je vous propose aujourd’hui une critique de son second volet. Pour ceux qui auraient raté ma lecture du premier tome (et surtout la présentation générale du cycle dans lequel tout cela s’inscrit, direction ici).
  
 

Quatrième de couverture
Après la victoire qui couronne La stratégie Ender comme La stratégie de l'ombre, les petits génies de l'Ecole de guerre sont devenus des héros. Alors qu'Ender a pris la route d'une lointaine planète, Bean et les autres sont renvoyés chez eux, où ils doivent reprendre une existence qu'ils ont quittée dix ans plus tôt. Pourtant, quelqu'un s'inquiète de leur sécurité : Peter Wiggin, le frère d'Ender, a le pressentiment que tous courent un grand danger. Un à un, les compagnons d'Ender disparaissent, tués ou kidnappés. Seul Bean parvient à en réchapper et à identifier la menace surgie de son passé qui pèse, il le sait, sur l'humanité tout entière. Alors même qu'il sort de l'ombre d'Ender, Bean va devoir se plonger dans celle, bien plus dangereuse, de l'Hégémon...









Ma rencontre avec le livre :

Comme le premier tome, il s’agit d’un pack cadeau d’amis à qui j’ai fait découvrir cet auteur et qui me l’ont rendu en m’offrant pour mon anniversaire l’intégral de cette saga.


Ma lecture du livre :

Mais où sommes-nous ? C’est la question qu’on se pose en lisant ce livre ! Non, on n’est pas sur une planète lointaine et inconnue suscitant l’interrogation. Bien au contraire, nous sommes sur terre, plongés au milieu d’un conflit planétaire propice aux considérations militaires et géopolitiques pas si éloignées de notre actualité.

Pourquoi cette question alors ? Tout simplement parce qu’on est très loin de ce à quoi nous avait habitué l’auteur dans son cycle d’Ender. Finis les séjours dans l’espace, la colonisation de planètes lointaines et la découverte de races extraterrestres. Ici, c’est de la pure SF d’anticipation politique que nous propose Card. Bean, le héros du premier volet, est en effet de retour sur terre après la guerre spatiale. Il se retrouve alors mêlé malgré lui aux conflits terrestres qui vont le conduire à retrouver son ennemi Achille, couplant ainsi enjeux géopolitiques globaux et rivalités personnelles.

Faut-il pour autant bouder son plaisir sous prétexte de ne pas avoir là un Stratégie Ender bis ? Cela serait mal venu puisque les reproches qui avaient été faits au premier tome de la série étaient justement de ne pas assez innover, de proposer du réchauffé (qui était très bon et très agréable par ailleurs). Donc, non : les nouvelles orientations de l’auteur, les nouvelles perspectives suivies ne m’ont pas dérangées, au contraire. J’admets cependant que beaucoup de lecteurs risquent d’être rebutés par les considérations géopolitiques et militaires. Mais, étant par ailleurs un amateur d’Histoire, ces aspects m’intéressent beaucoup (on a en effet l’impression d’assister à une immense partie de Risk).

Là où le bas blesse en revanche, c’est que la géopolitique d’Orson Scott Card ne tient pas la route. La situation est selon moi trop peu nuancée et on se retrouve avec le cliché des blocs soviétiques et chinois dans le rôle des méchants (certes manipulés par Achille, l’ennemi de Bean mais tout de même du mauvais côté). En revanche, on peut souligner que les Etats-Unis ne sont pas pour une fois au centre du camp des « gentils ». En effet, dans l’équilibre international dessiné par Card, la superpuissance américaine n’est plus ce qu’elle était. Un bon point pour lui donc sur cette innovation. Faut-il alors condamner le livre pour ces manquements d’analyses ? Certains critiques ne le lui pardonnent effectivement pas. Dans mon cas, j’aimerai rappeler que nous sommes là dans un roman de fiction et de loisirs et que ces événements constituent avant tout le cadre dans lequel l’auteur développe son personnage principal : Bean.

Qu’en est-il dès lors de l’évolution de ce héros ? J’ai beaucoup apprécié la relation que celui-ci développe avec la religieuse Carlotta qui l’élève (Bean est en effet toujours un enfant). On peut reprocher à l’auteur  de mettre dans la bouche de la femme une apologie de la foi (qui est en fait celle de l’auteur : il est mormon) mais à nouveau, je ne condamnerai pas le livre pour cela contrairement à d’autres critiques. L’auteur a le droit d’avoir ses convictions et surtout d’un point de vue narratif, cela colle parfaitement au personnage de Sœur Carlotta et offre au lecteur de croustillants dialogues entre la foi sans faille de la femme et le scepticisme de Bean. Les perspectives sur l'avenir de Bean (encore lointain ici) liées aux modifications génétiques dont il a été l'objet avant sa naissance et à leurs conséquences laissent également suggérer une évolution intéressante du personnage par la suite. Mais je n'en dit pas plus, ce serait du spoiler !

Des défauts, donc, sur le fond mais que je pardonne sans trop de difficultés devant le talent de narrateur de Card. En effet, si l’histoire et l’univers sont loin de ce dont on avait l’habitude, la plume de l’auteur est bien là ! Le style est fluide, limpide malgré les considérations géopolitiques, et les personnages sont intéressants. Seul défaut, on a l’impression que finalement il ne se passe pas grand chose dans ce tome d’un point de vue péripétie (mis à part un ou deux événements que je tairai). Mais le traitement des personnages compense ce léger manque d'action.


Que retenir de ce deuxième volume : l’auteur remplit le contrat de nous proposer quelque chose de neuf. Cela ne plaira pas à tout le monde et on peut pinailler sur le fond géopolitique et religieux mais les personnages et le style ont suffit à me convaincre de lire le tome 3. Du moins, après avoir fini le livre, je me suis dit "vivement que le tome 3 se trouve en haut de ma PAL !". Ce n’est pas le cas de tout le monde comme en témoigne les critiques que j’ai pues entendre. A vous, donc, de le lire et de vous faire votre avis !

Note : 7,5 / 10


CITRIQ

1 commentaires:

  1. Je n'ai hélas pas du tout accroché à ce tome ci qui ne m'a pas convaincue du tout, voire même je m'y suis ennuyée. Pourtant le roman démarrait bien mais je fais justement partie de celles q'un fond géopolitique peut déranger, voire moins intéresser.

    RépondreSupprimer

Un avis, un conseil de lecture ? N'hésitez pas !

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...