A l'occasion de la sortie en poche du tome 3 de la trilogie
du Chaos en marche de Patrick Ness chez Gallimard Jeunesse, je vous propose ma
chronique (rédigée il y a plus d'un an mais jamais publiée) du premier tome de
cette exceptionnelle trilogie de science-fiction / distopye :
La voix du couteau. Gros coup de cœur !
Patrick Ness - 2009
Gallimard Jeunesse - 440 p. (528 en poche)
Quatrième de couverture
C'est l'année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir
un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de
Nouveau Monde est uniquement peuplée d'hommes. Depuis longtemps, toutes
les femmes et les enfants ont disparu. A Nouveau Monde, chacun peut
entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant,
le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais...
Un jeune garçon élevé dans une ferme dans un village isolé.
Nous sommes loin d’un début de roman original ! Mais rajoutons : une planète
récemment colonisée, une mystérieuse maladie ayant décimé toutes les femmes et
surtout le Bruit (flot continu des pensées des êtres qui nous entourent et
qu’on ne peut s’empêcher d’entendre) et nous voilà avec les jalons de
l’excellente intrigue initiée par la Voix du Couteau, premier volet de la
trilogie du Chaos en marche de Patrick Ness.
Ce roman de science-fiction
se démarque par son univers original :
imaginez la société de La petite Maison dans la Prairie et ajoutez-y une
pincée de SF. En effet, le lecteur suit le jeune Todd dans sa découverte d’un
monde récemment colonisé et inspiré du quotidien des fermiers américains du
XIXème siècle. Là où Patrick Ness se démarque c’est par la rencontre de cette
société et d’éléments propres à la science-fiction : pas de sabres lasers ou de
batailles spatiales mais ce Bruit déjà évoqué, une jeune fille tombée du ciel,
une race exterminée par les hommes… Les idées de l’auteur pour peupler son
monde sont nombreuses et innovantes, loin des conventions du genre, et nous
offrent un réel sentiment d’originalité.
Mais ce qui rend surtout ce livre incontournable, c’est sa
langue. Ce que lit le lecteur, c’est le Bruit de Todd, le flot continu de ses
pensées, pensées qu’il ne peut contrôler ou filtrer. Par conséquent, nous nous
retrouvons nous aussi confrontés à cette violence des mots, à cette langue dure
et agressive qui dit les choses telles qu’elles sont, sans passer par la belle langue habituelle en littérature. Je
ne cache pas qu’au départ ce choix stylistique oblige à prendre sur soi pour
surmonter les première pages et accepter cette âpreté de la langue. Mais c’est
là que réside la richesse du roman.
La langue n’est pas le seul élément dérangeant. L’auteur
propose une véritable dystopie (récit dépeignant une société en
disfonctionnement) : les thèmes abordés sont tout aussi sombres et invitent à
s’interroger sur l’extermination d’un peuple, le mépris des hommes pour les
femmes, la légitimité de la violence...
Bref, avec la voix du couteau, nous tenons une perle rare.
Loin de s’enfermer dans des clichés et des codes restrictifs, Patrick Ness nous
offre un roman qui ose autant sur le plan de l’histoire et des thématiques que
sur celui de la forme et de cette langue si particulière. On se laisse emporter
par le Bruit de Todd… et on aime ça !
COUP DE CŒUR
10 / 10
Je suis toujours aussi enchanté par ce livre, car ce fut mon premier partenariat, mon premier SP, et surtout il a donné son nom à mon blog, car ce livre était d'une finesse et d'une beauté sans pareille ! <3
RépondreSupprimerLa suite est tout aussi bien je le recommande chaudement !