Merci pour le feu (et autres textes)
F.S. Fitzgerald
Editions L’Herne
108 pages
Dès le rendez-vous suivant, pourtant, Mrs Hanson eut affaire à
l’exception qui confirmait la règle. Le jeune homme paraissait
sympathique, mais son œil se fixa avec tant d’insistance sur la
cigarette qu’elle tapotait contre l’ongle de son pouce qu’elle la fit
aussitôt disparaître. Elle en fut récompensée lorsqu’il l’invita à
déjeuner et durant l’heure qu’ils passèrent à table, il lui fit une
commande importante. Et ensuite, il insista pour l’accompagner en
voiture jusque chez son prochain client, alors qu’elle avait eu
l’intention de repérer un hôtel dans le voisinage et d’aller tirer
quelques bouffées dans les toilettes.
Ma rencontre avec le livre
Je remercie le site Babelio pour m’avoir tirés au sort lors
de leur opération « masse critique » lors de laquelle des lecteurs
peuvent sélectionner des livres qui les intéressent pour tenter de les gagner
en échange de quoi ils doivent ensuite donner leur avis. Je vous invite à
découvrir cet événement sur le site Babelio.
Ma lecture du livre
Le petit ouvrage que j’ai ainsi gagné m’a laissé quelque peu
sceptique. Sur ces quelques cent pages sont réunis six textes de
F.S.Fitzgerald, le célèbre auteur de Gatsby le Magnifique. Si ces textes
ne sont pas forcément mauvais, leur présentation et leur exploitation laissent
en revanche à désirer. Procédons donc en deux temps pour cette critique :
d’abord les textes puis l’édition en elle-même.
Les six textes présentés m’ont semblé assez inégaux. Le
premier, « Merci pour le feu », qui donne son titre au recueil s’est
avéré être une petite nouvelle courte mais qui m’a fait sourire par
l’intemporalité du thème évoqué : la dépendance à la cigarette.
Sympathique donc, mais sans plus. Le second texte, « Ma ville
perdue », dont la nature entre nouvelle et souvenirs personnels est déjà
plus floue, m’a quant à lui bien plus intéressé. En une trentaine de pages,
l’auteur nous dépeint le passage de la New-York des années folles à celle de la
crise des années 30. Le troisième texte, « Une centaine de faux départs »
s’est également avéré intéressant à découvrir, donnant à voir les travaux
manqués de Fitzgerald et toutes les idées qui n’auront rien donné. Les trois
derniers textes, en revanche, m’ont laissé bien plus sceptique. Ils ne sont pas
mal écrits ou inintéressants mais ils sont présentés sans aucune information,
sans explication et leurs enjeux apparaissent donc peu clairs au lecteur. On
peut donc dire que les textes en eux-mêmes ne sont pas transcendants. Si
certains sont plaisants, ils demeurent en grande partie peu convaincants ou
prenants et le travail de l’éditeur est selon moi à mettre en cause ici.
Passons donc au deuxième point : le travail de
présentation et d’édition des dits textes. Et là, je trouve qu’il y a un gros
problème. Tout d’abord, si je n’avais pas reçu un feuillet de présentation de
l’ouvrage (du genre de ceux que reçoivent les libraires ou les journalistes),
je n’aurai même pas compris qu’il s’agissait là d’un recueil de textes ! En effet, rien ne l’indique sur la
couverture ou dans le résumé de l’ouvrage. Bien sûr, je m’en serai rendu compte
en lisant. Mais c’est déjà là un mauvais point selon moi car le livre n’est pas
identifiable pour ce qu’il est, à savoir un recueil de plusieurs petits textes
alors qu’on pourrait penser qu’il s’agit d’une seule longue nouvelle.
Deuxième problème : l’apparat critique. Mis à part deux
ou trois notes du traducteur, l’éditeur n’a absolument pas présenté ou commenté
les textes rassemblés dans l’ouvrage. Ils nous sont balancés (oui, le terme est
le bon) à la suite et c’est à peine si on nous indique leur contexte de
publication. Il manque à la fois des notes pour expliciter les allusions de
Fitzgerald (à des évènements, lieux, personnages de l’époque) mais surtout un
commentaire ou au minimum une introduction à chaque texte permettant au lecteur
de comprendre si ce qu’il lit est une nouvelle au sens strict, un essai, un
fragment d’autobiographie ou bien encore autre chose. Je ne suis pas sûr, mais
je crois qu’un tel commentaire est proposé pour le troisième texte (« Une
centaine de faux départs »). Pourquoi n’en suis-je pas sûr ? Car ce
que j’interprète comme un commentaire arrive directement après le texte, sans
espace plus grand que celui séparant les paragraphes du texte de Fitzgerald et
est écrit exactement dans la même police (taille, forme etc). Bref, c’est assez
étrange et on se demande si ce n’est pas Fitzgerald lui-même qui commente son
propre texte en parlant de lui à la troisième personne tellement rien n’indique
qu’il s’agisse d’un apport extérieur.
Et, dernière critique concernant l’édition : que le
texte soit livré brut de décoffrage au lecteur, soit, c’est un choix de
l’éditeur. Mais, si je n’ai pas payé le livre, je pense à ceux qui le feront
(ou pas car c’est un peu du vol à ce prix) car ces cent pages coûtent tout de
même 9,5€ ! A mon goût, le prix est excessif car, devant l’absence totale
de travail éditorial (mis à part la traduction), je ne vois pas ce qui justifie
un tel prix pour un si petit livre. Un libirio à 2€ présente plus de travail
que cette édition.
En résumé : des textes qui auraient pu être
intéressants mais très mal édités. Un absence complète de mise en valeur, de
contextualisation et d’explication que le lecteur pourrait être en droit
d’attendre devant le prix de l’ouvrage. Je ne le recommande qu’aux fans de
Fitzgerald qui pourront décrypter l’intérêt de ces textes par eux-mêmes (et
même pour eux, je suis sûr qu’il existe des éditions bien plus rigoureuses que
celle-ci…).
Je vois que tu continues sur ta lancée Fitzgeraldienne ;).
RépondreSupprimerDommage que l'édition ne mettent pas mieux en lumière ces textes (que je ne connais pas, je précise, mais qui -au vu de ce que tu en dis- m'ont l'air intéressants).
En tout cas, merci pour ces remarques très pertinentes qui me feront me méfier de cette maison d'édition à l'avenir.