Chronique un peu longue pour un roman qui est très loin de
m’avoir laissé indifférent, bien au contraire (comme en témoigne ladite longueur
!) : Quelques minutes après minuit de Patrick Ness.
Quelques minutes après minuit
Patrick Ness
Editions Gallimard Jeunesse
215 pages
Quatrième de couverture
Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses
cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte
avec lui l'obscurité, le vent et les cris. C'est quelque chose de très ancien,
et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.
Ma rencontre avec le livre
Patrick Ness, l’auteur de ce roman, est sans doute la
découverte littéraire qui m’aura le plus enthousiasmé au cours de ces deux
dernières années. J’ai tout simplement été captivé par sa trilogie de
science-fiction Le Chaos en marche et j’attendais donc avec impatience son
nouveau roman, tiré d’une idée originale de la défunte Shiobhan Dowd. J’ai eu
la chance de pouvoir le découvrir dès sa sortie grâce aux Éditions Gallimard
Jeunesse qui m’ont offert la chance de lire dans le cadre d’un partenariat. Merci
encore à elles ! Mais ces retrouvailles avec Patrick Ness ont-elles été à la
hauteur ?
Ma lecture du livre
C’est là un livre bien loin de ce à quoi nous avait habitué
son auteur dans Le Chaos en marche, quelques soient les aspects considérés. Un
seul point commun néanmoins : on retrouve son talent de conteur mais au service
d’un récit singulièrement différent.
Ici, pas de science-fiction mais une histoire toute simple,
presque banale si tant est que l’angoisse et le malaise qui traversent tout le
roman puissent être qualifiés ainsi. C’est l’histoire d’un enfant comme les
autres, Conor, et de sa mère. Comme les autres, à un détail près : cette
effroyable vérité, ce non-dit qui pèse sur le héros et sur le lecteur et que le
monstre est venu révéler. Oui, un monstre ! Car, sous ses airs d’histoire
banale entre une mère et son fils, Quelques minutes après minuit est en réalité
une sorte de fable poétique : un monstre végétale est au cœur de l’histoire et
accompagne Conor, ou plutôt le force, dans sa quête de la vérité refusée.
Une des grandes qualités du Chaos en marche était la langue
si particulière de Patrick Ness, ce Bruit, qui découlait directement de
l’univers. Qu’en reste-il ici, où l’univers ne nécessite pas cette approche ?
La langue en elle-même se veut bien plus conventionnelle. Pourtant, Quelques
minutes après minuit porte lui aussi sa marque. On retrouve par certains
aspects ce style très vif, rythmé avec des phrases et des paragraphes qui
s’enchaînent, soulignant la dureté de l’histoire. La façon de raconter est également
très intéressante. Le roman voit s’emboîter différentes histoires, des fables
dans la fable ce qui donne un peu plus d’épaisseur à l’intrigue de départ qui,
on l’a dit, assez simple.
Le point fort du roman reste néanmoins son atmosphère très particulière. Ce
n’est pas une lecture que je vous conseille pour rêver et oublier vos soucis.
Quelques minutes après minuit est un livre pesant, voire dérangeant. Des
non-dits, un malaise et une tension permanente traversent tout le roman, en
raison des événements vécus par Conor. Cette vérité qu’est venu chercher le
monstre, elle est là, sous-jacente, on croit la deviner. Mais comme le héros,
on la redoute. Et quand vient la fin… Mais je n’en dit pas plus.
Dernier aspect à souligner : les illustrations de Jim Kay qui ponctuent les pages du livre. Elles contribuent à l’atmosphère sombre et sont très réussies. J’en ai mises quelques unes en illustration de cette chronique afin de vous laisser juger par vous-mêmes. Le livre est ainsi agréable à prendre en main et à regarder. Seul bémol, la couverture originale était selon moi plus jolie (voir illustration plus haut).
Bien sûr, en tant qu’amateur de SF, j’avais espéré retrouver
le Patrick Ness du Chaos en marche avec un récit du même genre. Mais en même temps, je suis content qu’il
nous ait proposé autre chose : il prouve par là son talent et sa capacité à
varier les genres.
Pour terminer, un citation du roman, à l’image de ce qu’est
pour moi le style de Patrick Ness (un peu moins dans ce roman) mais aussi
l’histoire de Quelques minutes après minuit :
« Les histoire sont
les choses les plus sauvages de toutes. Les histoires chassent et griffent et
mordent. »
En résumé, un très bon roman : poignant, intelligent et
plein de vérité mais en même temps très poétique et imagé (que ce soit par les
dessins proprement dits que par les idées). Une histoire qui vous chamboule un
peu (ou beaucoup selon vos expériences personnelles…) et qui, malgré l’aspect
fable pour enfants, ne tombe pas une vision adoucie et convenue de la perte
d’un être cher. Seul goût amer après cette lecture : combien de temps avant le
prochain Patrick Ness ?!
COUP DE COEUR
9/10
Le "trailer" du roman en langue originale : une vidéo très réussie.
Un roman bouleversant qui ne laisse pas indemne. Ce monstre est plein de sagesse et aide Connor à vivre ce terrible épisode de sa vie, il l'aide à grandir malgré tout.
RépondreSupprimerLes illustrations sont magnifiques.
Et vous m'avez donné envie de découvrir Le chaos en marche.