mercredi 20 février 2013

Amkoullel, l’enfant peul (Mémoires I) d’Amadou H. Bâ



« En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque inexplorée qui brûle ».

Ces mots prononcés par Amadou Hampâté Bâ pour promouvoir la sauvegarde de la mémoire des traditions et des cultures locales d’Afrique pourraient s’appliquer à lui-même. Les mémoires de ce Malien né dans l’Afrique coloniale française en 1900 sont ainsi une mine d’or dont je ressors profondément marqué. Un livre qui n’est pas un roman mais plutôt une peinture, qui se lit comme un conte ou une histoire d’aventure, de la société coloniale française à travers les souvenir d’un enfant africain. Chronique d’une lecture marquante et éblouissante.


Amkoullel, l’enfant peul (Mémoires I) 
Amadou Hampâté Bâ
Editions Babel et J'ai Lu
530 pages
 
Quatrième de couverture 
Voici un étonnant livre de Mémoires qui nous révèle la formation d'un des esprits les plus brillants et les plus profonds de l'Afrique noire. Amadou Hampâté Bâ raconte ici sa petite enfance et son adolescence, du temps où il portait le surnom d'Amkoullel, et où - dans le Mali du début de ce siècle - il s'initiait aux traditions ancestrales, fréquentait l'école française en même temps que la coranique, courait la savane alors que beaucoup partaient pour une guerre lointaine (la Première Guerre mondiale), découvrait le colonialisme et s'apprêtait à devenir l'un des derniers grands dépositaires d'une civilisation orale en pleine mutation. A la fois roman d'aventures, tableau de moeurs et fresque historique, ce livre restitue dans une langue savoureuse et limpide toutes les richesses, les couleurs et la vie du grand récit oral africain. C'est aussi et surtout une belle leçon d'humour, de tolérance et d'humanité qu'y trouveront les passionnés de littérature, les chercheurs, ou tout simplement les amateurs d'aventures vécues.





Ma rencontre avec le livre

C’est au hasard que je dois ma rencontre avec ce livre. Dans le cadre de la préparation d’un concours, j’ai été amené à préparer un commentaire d’un extrait de cet œuvre. Les quelques pages sur lesquelles portaient mon travail (la description de ses premiers jours à l’ « Ecole des blancs ») m’ont conquises. Il ne m’en a pas fallu plus pour emprunter le volume complet des mémoires.


Ma lecture du livre

Je l’ai dit, la lecture de ce livre m’a profondément marquée et pour plusieurs raisons. La première tient à la fraîcheur, au plaisir de la découverte et au dépaysement procuré par ce livre. Il est très loin des codes de la fiction traditionnelle, et pour cause puisqu’il ne s’agit pas de fiction mais bien du récit de l’enfance d’Amadou Hampâté Bâ commençant par l’histoire de ses parents jusqu’à ses vingt ans et son départ pour son premier poste d’agent colonial français.


Je ne pensais pas rentrer aussi facilement dans ce livre puisque, en soit, il n’y a pas de réel suspens vu que je m’étais renseigné sur la biographie de l’auteur. Et pourtant, j’ai été happé par le récit. Le livre se lit tour à tour comme une épopée lorsqu’il est question des ancêtres, comme un roman d’aventure, comme une suite de situations drôles et rocambolesques mais aussi comme une invitation à repenser son rapport à l’autre, à la culture, à soi-même. On lit sans effort, emporté par les péripéties qui marquent l’enfance du narrateur et en même temps, subtilement, les paroles laissent une marque profonde chez le lecteur. Sans y paraître, derrière des anecdotes drôles ou des situations dramatiques, Amadou dresse un tableau de l’Afrique coloniale qui interroge. C’est là le point fort de ce livre qui nous apprend et nous fait énormément réfléchir mais sans qu’on s’en rende compte, sans que cela ne devienne à aucun moment pesant ou ennuyeux.


Les descriptions de la société coloniale ou des traditions locales africaines ou musulmanes (l’auteur étant lui-même musulman) s’intègrent parfaitement au récit de l’enfance de l’auteur. Et quelle enfance ! Son destin n’est pas des plus anodins puisque sa famille se voit ballotter par les évolutions de la politiques coloniale française. Une des parties du récit qui m’a ainsi le plus marqué, c’est le récit de la réquisition du jeune Amadou, à douze ans, qui se voit contraint d’aller à l’ « école des Blancs », cette école coloniale où les enfants sont forcés d’apprendre le Français afin de devenir de bons intermédiaires de l’administration française.


Loin de nous servir un discours accusateur ou conciliateur, l’auteur adopte le regard d’enfant qu’il était à l’époque pour décrire ce monde colonial en pleine construction. Ce regard, tantôt touchant, tantôt drôle, évacue ainsi toute prise de position polémique (et oh combien la question colonial fait débat) pour simplement décrire comment un enfant africain a vécu au quotidien cette colonisation dont l’enseignement en histoire m’apparaît désincarné de toute approche humaine maintenant que j’ai lu ce livre. Mais, l’auteur ne s’arrêt pas à ce regard naïf (pas tant que ça par moment) de l’enfant et tente alors dépasser les discours polémiques et partisans. Ses propos sur l’école, justement, illustrent prise de recul, en recentrant par exemple ici non pas le débat sur le bien/pas bien mais sur l’enjeu pour la conservation des cultures locales. Une citation vaut mieux qu’un long discours :

« Une entreprise de colonisation n’est jamais une entreprise philanthropique, sinon en parole. L’un des buts de toute colonisation […] a toujours été de commencer par défricher le terrain conquis car on ne sème bien ni dans un terrain semé ni dans la jachère. Il faut d’abord arracher des esprits, comme des mauvaises herbes, les valeurs, coutumes et cultures locales pour pouvoir y semer à leur place les valeurs, les coutumes et la culture du colonisateur, considérées comme supérieures et seules valables. Et quel meilleur moyen d’y parvenir que l’école. 
Mais, comme il est dit dans le conte Kaïdara, toute chose a nécessairement une face diurne et une face nocturne. Rien, en ce bas monde, n’est jamais mauvais de A jusqu’à Z et la colonisation eut aussi des aspects positifs, qui ne nous étaient peut-être pas destiné à l’origine mais dont nous avons hérités et qu’il nous appartient d’utiliser au mieux. Parmi eux, je citerai surtout l’héritage de la langue du colonisateur en tant qu’instrument précieux de communication entre ethnies qui ne parlaient pas la même langue et moyen d’ouverture sur le monde extérieur – à condition de ne pas laisser mourir les langues locales qui sont le véhicule de notre culture et de notre identité. »


Bref, vous l’avez compris, ces Mémoires d’Amkoullel, l’enfant peul sont pour moi un énorme coup de cœur. Une lecture atypique, drôle, touchant, passionnante, marquante et par dessus tout enrichissante. C’est sans hésitation que je peux vous dire que d’ici quelque temps vous trouverez ici même la chronique du deuxième volume des Mémoires, intitulés Oui, mon commandant !, et s’intéressant cette fois-ci non plus à l’enfance de l’auteur mais à ses années de service comme agent de l’administration coloniale. Je ne peux que vous inviter à parcourir les pages de ce livre et j’espère que vous aussi serez marqué par ce récit paradoxalement magique d’une page complexe de notre histoire.

10/10
COUP DE COEUR


Et pour finir, une autre citation, des paroles de Tierno Bokar, un des maîtres de pensée d’Amadou Hampâté Bâ, rapportées par ce dernier au cours de son récit :
« L’écriture est une chose et le savoir en est une autre. L’écriture est la photographie du savoir mais elle n’est pas le savoir lui-même. Le savoir est une lumière qui est en l’homme. Il est l’héritage de tout ce que les ancêtres ont pu connaître et qu’ils nous ont transmis en germe, tout comme le baobab est puissant dans sa graine. »

mardi 19 février 2013

[Concours - Résultats] Editions J'ai Lu / La stratégie Ender et La saga des Ombres

J’ai plaisir de vous annoncer l’organisation du premier concours du blog pour la sortie de L’ombre du géant d’Orson Scott Card (Editions J’ai Lu) ! Il s’agit là du quatrième et dernier tome de la Saga des Ombres, un série de SF se déroulant en parallèle de la célèbre Stratégie Ender (au ciné cet automne) et faisant partie de ce qu’on appelle le cycle d’Ender.



Ender : La saga des ombres 4 / L'ombre du géant   
Orson Scott Card
Editions J'ai Lu (février 2013)

En parvenant à contrecarrer les plans d'Achille, Bean a évité d'un cheveu un désastre d'une ampleur inégalée. Petra et lui attendent aujourd'hui leur premier enfant, conçu in vitro, mais ils ignorent le sort qu'Achille a réservé aux autres embryons et s'ils portent en eux la maladie génétique dont souffre leur père.
Pendant ce temps, une guerre impliquant les autres anciens élèves de l'école de guerre - Alai, Virlomi, Vlad... - menace d'éclater. La Terre ne trouvera cependant son salut que dans l'unité, et celle-ci ne pourra s'incarner que dans un seul homme : Peter Wiggin, l'Hegemon. Bean est-il prêt à conclure un pacte avec le cruel frère d'Ender ?






C’est aux Editions J’ai Lu que nous devons le plaisir de ce concours et je les en remercie chaleureusement. A gagner :

- 1 exemplaire de La stratégie Ender collection Nouveaux Millénaires : le roman fondateur d’Orson Scott Card, couronné de plusieurs prix et sur lequel repose tout le cycle d’Ender.

- 1 exemplaire de L'Ombre du Géant, tome 4 de la Saga des Ombres

- 4 lots de dix marque pages la Stratégie Ender.


Il suffit de répondre aux questions se trouvant dans le formulaire qui suit (tirage au sort parmi les bonnes réponses).
Pour vous aider, l’article que j’ai publié il y a quelque temps sur le cycle d’Ender devrait suffire pour les deux premières questions. Pour la troisième, internet est votre ami !


Afin d’augmenter vos chances, deux solutions :
1) Aimer la page facebook du blog (+1 chance)
2) Partager le statut de la page facebook où apparaît la pub pour ce concours (+1 chance)
IMPORTANT : Le partage doit être public pour que je puisse le voir ; il faut partager la pub qui est sur ma page facebook en cliquant sur "partager" depuis la publication (plus facile à vérifier pour moi^^).


Le concours est ouvert du mardi 19 février au mardi 5 mars 2013 à minuit. Les résultats seront disponibles ici dans les jours qui suivront et les gagnants seront contactés par e-mail afin d’obtenir leurs coordonnées pour l’envoi des lots (directement effectué par les Editions J’ai Lu).

Concours ouvert à la France métropolitaine, la Belgique et la Suisse.

Encore merci aux Editions J'ai Lu et bonne chance à tous !


Résultats

Voici  les  résultats du concours. Merci à tous pour votre participation !
Lot 1(1 exemplaire de La stratégie Ender) : Olivier
Lot 2 (1 exemplaire de L'ombre du géant) : Frann Kstew
Lot 3 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Denise B.
Lot 4 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Simon
Lot 5 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Usul
Lot 6 (1 lot de marque-pages Stratégie Ender) : Dorothée B.

Les gagnants seront contactés par e-mail pour me fournir leurs coordonnées postales afin que je puisse les  transmettre aux Editions J'ai Lu qui se chargeront de l'envoi des lots. Ils auront 72h soit jusqu'à dimanche soir pour me répondre (si je n'ai pas de leurs nouvelles, le lot sera attribué à un autre participant).
Un petit mot ici une fois que vous aurez reçu votre lot pour me dire que tout a bien fonctionné est le bienvenu^^.

lundi 11 février 2013

Les soupirs de Londres 1 : Le manoir des Immortels d’Ambre Dubois


Les soupirs de Londres 1 : Le manoir des Immortels
Ambre Dubois
Publié aux Éditions du Petit Caveau
260 pages

Quatrième de couverture
Londres, 1888...
La ville est secouée par les épouvantables crimes de Jack l'Eventreur. Dans la petite communauté vampirique locale, dirigée par le ténébreux Rodrigue, l'on se pose des questions. Le tueur serait-il l'un d'eux ?
La belle Stella, reconnue pour ses étonnants pouvoirs occultes, va être chargée de mener l'enquête auprès d'une curieuse famille bourgeoise, les Heartavy.
Finira-t-elle enfin par découvrir la terrible vérité ?






Ma rencontre avec le livre :
Je ne suis pas un grand lecteur de littérature vampirique mais quand une de vos amies est en lien avec une maison d’édition ayant pour spécialité cette ligne éditoriale et qu’elle vous propose de découvrir certaines publications, personnellement, je ne me fais pas prier et je m’écarte de mes lectures habituelles et prévues. En effet, c’est toujours sympathique de découvrir des livres qu'on aurait pas forcément pris la peine de lire de soi-même. Et cela aurait d’autant plus dommage dans le cas de cette très agréable découverte.


Ma lecture du livre :
Les ingrédients du roman d’Ambre Dubois, premier volet de ce qui est pour le moment une trilogie, sont simples : des vampires, une Londres brumeuse à la fin XIXème siècle, une intrigue policière s’inspirant librement du mythe de Jack l’Eventreur. Mais, cela suffit et la recette fonctionne.

Si l’intrigue demande quelques pages avant de se mettre en place, l’atmosphère est posée, elle, d’emblée et accroche très vite le lecteur. La reconstitution du Londres victorien est convaincante et c’est avec plaisir qu’on suit les pérégrinations de Stella qui gravite tour à tour au sein des cercles aristocratiques et dans les bas-fonds de Whitechapel.

Les personnages principaux  s’avèrent relativement attachants. Stella est une héroïne énigmatique qu’on prend plaisir à suivre et qui ne s’avère pas être midinette  écervelée comme j’en ai croisées dans les rares romans de vampires que j’ai lus (non, non, je ne fais pas dans le cliché en qualifiant ainsi l'héroïne d'un certain roman américain à succès de ces dernières années ^^). On peut cependant regretter le faible background du personnage dont on ignore presque tout sur les motivations et le passé. Mais, il s’agit ici selon moi de quelque chose de volontaire car à plusieurs reprises l’auteur fait des allusions, nous laissant sur notre faim et appelant ainsi à lire une suite (qu’on sait aujourd’hui publiée mais qui devait être en germe dans l’esprit de l’auteur à l’époque). Un « défaut » (totalement subjectif, je le reconnais) me vient également à l’esprit en ce qui concerne les personnages masculins : certaines descriptions et scènes m’ont en fait paru un peu lourdes par leur côté volontairement aguicheur destiné au lectorat féminin.

L’intrigue, on l’a dit, met un peu de temps à se mettre en place. Elle s’avère relativement convenue à mon goût mais est efficace et retient le lecteur une fois l’ « enquête » lancée. On devine à l’avance certains éléments  mais sans jamais être sûr du bien fondé de nos hypothèses. A l’inverse, par moment certains éléments paraissent tirer des ficelles scénaristiques si grosses que j’en ai trouvé ridicule ce que je pensais être des tentatives de l'auteur pour m'égarer. Pauvre de moi car en fait, dans ces là, je me suis fait royalement berner ! L’auteur démontre donc par là une maîtrise certaine des arts de la mystification du lecteur (mais qui pourrait être plus subtile par moment et j'espère que ce le cas dans le prochain tome).

Enfin, il faut préciser que le roman appelle indéniablement une suite en raison des attentes déjà évoquées quant au passé de certains personnages ou  à l’évolution de leur relations. Mais, c’est aussi lié au fait que l’intrigue policière, si elle est résolue en ce qui concerne les événements du roman, n’est pas tout à fait close.




Pour résumer : une agréable découverte pour moi qui ne lit pas énormément de romans sur les vampires. Il ne s’agit pas d’une révélation mais ma lecture s’est révélée assez plaisante pour me donner envie de poursuivre la série avec la lecture des autres tomes.

 7/10
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